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i wanna be your blog

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22 janvier 2010

This is it

Faute d'avoir exploité toutes les possibilités offertes par Canalblog, j'ai décidé de changer de crèmerie et de succomber aux charmes d'une plateforme de micro-blogging encore plus simple d'utilisation. A l'occasion, j'en profite pour changer un peu ligne éditoriale : I wanna be your blog a fait son temps et j'ai envie de tenter autre chose. Alors ce sera I love you, Georgia Hubley, et j'espère que ça vous plaira. A bientôt.

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6 janvier 2010

2000-2010 : 10 disques à tirer de l'oubli

La décennie qui s'est terminée a été à la fois étourdissante et impitoyable : car internet, tel Janus, dévore les enfants qu'il vient de mettre au monde.  A peine un groupe a t-il été découvert que un autre a déjà pris sa place dans le cœur des bloggeurs. Je plaide coupable à la barre des accusés : si mon appétit demeure intact, ma concentration diminue d'année en année et j'ai l'impression de survoler les disques que j'écoute. Pour ma défense, j'aimerai soumettre une liste de 10 disques promis à l'oubli moins de 10 ans après leur parution. Certains ne sont déjà plus disponibles, et deux d'entre eux ne l'ont même jamais été. Mais la place qu'ils occupent dans mon Panthéon personnel n'a jamais été remise en question. Evidemment, cette sélection est aussi arbitraire que lacunaire, et si je devais la refaire demain, j'en choisirai certainement 10 autres. Mais en attendant, aujourd'hui, ce sera ceux-là.

1. Songs : Ohia : Ghost Tropic (2000)

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Si Jason Molina a sorti beaucoup de disques ces dernières années, c'est pourtant vers un album paru en 2000 que je reviens régulièrement : Ghost Tropic. Pochette noire, pas de titre au dos, pas de code-barre : c'est certainement son œuvre la plus intransigeante et la plus désespérée. Deux titres, en dépassant les 10 minutes, franchissent un seuil où seuls Labradford et Low avaient oser d'aventurer.

2. Hayden : Skyscraper National Park (2001)

skyscraper
Je n'avais pas été boulversé par les débuts de Hayden : par contre, à partir de l'album à l'élan, sa discographie a pris un second souffle, jamais démenti sur la longueur. Un son plus boisé,  des chansons plus lumineuses (souvent épaulées par Howie Beck, le Elliott Smith Canadien) et toujours cette voix languissante qui est devenue sa marque de fabrique.

3. André Herman Düne : Brother Morphine (2002)

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Sous des appellations d'origine incontrôlées, André Herman Düne  a sorti pas moins de 10 albums en 2002, tous sous la forme de CD-R. Ceux signés Klaus Bong et John Trawling sont excellents, mais c'est peut-être vers celui constitué de reprises que va ma préférence : au milieu de titres signés Stina Nordenstam, Edith Frost ou Pram, the-artist-presently-known-as-Stanley Brinks y livre des versions définitives de "Smalltown Boy" et "O Superman".

4. The Sleepy Jackson : Lovers (2003)

sleepy
En 2003, Luke Steele n'était encore que ce mélodiste surdoué qui avait décidé de sonner comme Georges Harrison produit par Jeff Lyne et qui glissait, au milieu de pop-songs parfaites, des moments de poésie bouleversants ("Morning Bird"). Il n'avait pas encore mis en chantier son album concept Personality : One Was a Spider, One Was A Bird ni le projet faramineux Empire of The Sun. Il était juste comme Beck à ses débuts : trop doué pour être honnête.

5. The Bees : Free The Bees (2004)

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Il n'y a rien à jeter dans la discographie des Bees, groupe qui, faute d'avoir inventé le fil à couper le beurre, fait le meilleur beurre d'Angleterre. A l'ancienne, à la baratte, en tournant la manivelle à la main. Leur sommet, c'est peut-être le deuxième, Free The Bees, qui présente les Small Faces au Specials. Ils auraient vraiment mérité d'être un peu plus connus.

6. Peter & The Wolf : Lightness (2005)

lightness
Un inconnu débarque de nulle part avec un premier album qui frôle la perfection. Sur les 16 chansons qui composent Lightness, il y a au moins 12 classiques incontournables qui auraient dû procurer à Red Hunter, leur auteur, la sécurité de l'emploi pour les années à venir. Cinq ans plus tard, il en est toujours réduit à vendre directement ses Cd-R via Myspace et s'en contente parfaitement. Le dernier artiste vraiment alternatif ?

7. Ben & Bruno : 100 Grim Reapers (2006)

benandbruno
L'année d'après Peter & The Wolf, deux anonymes rééditent le même miracle : un digipack 100% homemade distribué par correspondance comportant les chansons les plus émouvantes entendues depuis le premier album des Palace Brothers. Et exactement comme Peter & The Wolf, l'affaire en reste là : pas de réédition officielle par un label ayant pignon sur rue, pas de véritable suite, pas de tournée. Un vrai mystère.

8. Cass McCombs : Dropping The Writ (2007)

dropping
Après s'être évertué à brouiller les pistes sur ses deux premiers albums, Cass Mc Combs dévoile son jeu sur Dropping The Writ en reprenant l'histoire là où Alex Chilton l'a laissée à la fin de Sister Lovers. Pas moins. Il aurait dû être la révélation de 2007 : mais peu sont ceux qui ont eu le courage de dépasser l'épreuve de la pochette (horrible) et du premier titre (qui est le moins intéressant du lot). Il n'est jamais trop tard pour lui redonner sa chance.

9. Melpo Mene : Brings The Lions Out (2008)

melpo_mene
Si le titre peut faire penser à celui d'un album de The Sound (From The Lion's Mouth), tout chez Melpo Mene n'est que douceur. Dans le genre, c'est la plus belle découverte que j'ai pu faire depuis l'inusable premier album de Rhonda Harris. Je l'ai acheté plus d'un an après sa parution, et je ne m'en suis plus séparé. J'ai souvent l'impression d'entendre la neige tomber en l'écoutant, même en plein cœur de l'été.

10. The Low Anthem : Oh My God, Charlie Darwin (2009)

thelow
Je tirai une gueule de 100 pieds de long vu que je venais de rater le concert de Yaya, et je suis allé assister à celui  de The Low Anthem, que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, la mort dans l'âme. Pourtant, quelques chansons plus tard, j'étais bouche bée devant le chaînon manquant entre les Fleet Foxes et Giant Sand  : soit le résumé de 20 ans d'Americana à son sommet. Heureusement que j'ai raté Yaya finalement car j'aurai pu passer à côté.

27 décembre 2009

Top 10 des objets chinés en 2009

En 2009 à nouveau, j'ai passé le plus clair de mes week-ends de printemps et d'automne à chiner. Je suis parfois parti bien loin pour revenir bredouille, tout comme j'ai aussi déniché la perle rare à quelques centaines de mètres de chez moi. J'ai examiné à la loupe la moindre annonce et j'ai établi de véritables campagnes Napoléoniennes. J'ai crapahuté dans tous les coins. J'ai hésité et marchandé. Et si je garde mes meilleurs adresses, je vous livre une liste tout à fait subjective d'objets absolument inutiles mais qui ont tous fait mon bonheur au-delà de toute espérance.

10. Début 2009, je ne savais plus à quel saint me vouer. J'en avais marre de la besace façon sac-de-dj, mais je ne savais pas par quoi la remplacer. Un cartable ? Une sacoche ? Une gibecière ? J'ai fini par opter par le bête sac en tissu, celui que je réservai  jusqu'ici à usage uniquement sportif. Et le plus beau que j'ai trouvé, c'est certainement celui aux couleurs de la sauce au soja préférée des amateurs de makis californiens.

kiko
9. Même si j'ai rapporté du Japon d'affriolantes chemisettes country délicieusement vintage, niveau t-shirt de Tezuka, c'était plutôt la Berezina. J'avais cherché bien loin ce qui se trouvait en bas de chez moi : un Astro Boy manches longues qui a déteint dès le premier lavage mais que je ne porte jamais sans une certaine fierté.

astro
8. Après l'avoir enregistré un peu par hasard sur ARTE, j'étais loin de me douter que je croiserai une seconde fois la route de Noi Albinoi, film un peu OVNI qu'on doit à Dagur Kari, disciple Islandais de Jim Jarmush (pour le goût de l'absurde). Non seulement il existait en DVD, mais en plus son acheteur voulait s'en séparer à vil prix : j'allais donc pouvoir perpétuer sa légende sans fortune débourser.

noi
7. J'héberge un sur-consommateur de jeu de sociétés. Il n'a pas encore 6 ans, mais il ne met pas plus d'une partie à comprendre des règles réservées aux plus de 8 ans. Alors, toutes les semaines, je cherche à assouvir son appétit de jeu. J'ai acheté Labyrinthe, Pit, Pictureka, Coco Crazy, Bakari, Ramses II, Rummy, Crôa... mais la palme revient cette année je crois à Prof Cradingue, un jeu de questions-réponses allant du scientifique au mauvais goût en un coup de dé.

cradingue
6. J'ai pendant des années été boudiné dans des blousons trop courts sans poche intérieure et il m'a fallu un intense travail psychologique avant d'envisager de passer à autre chose, sans savoir que cet autre chose, ça pouvait être une veste, effet que je réservai jusqu'ici aux cérémonies et commémorations.  Jusqu'à ce que ce spécimen 50% Polyester aux manches un peu trop courtes change tout. Depuis, je n'ai pas arrêté d'en acheter, sans que jamais la préférence que je lui accorde ne soit égalée.

veste
5. Je me suis déjà répandu à son sujet, mais je ne taris pas déloges au sujet de ma bonne vieille platine CD des familles, celle qui prend tout dans son tiroir, de la galette jaunissant non remasterisée au spécimen vérolé de l'horrible  copy-control. Comment ai-je pu penser qu'un jour, j'arriverai à vivre sans elle ?

CD
4. Pour l'inventivité de sa maquette, pour l'exhaustivité des sujets abordés, pour le choix des illustrateurs, pour son concept aussi fumeux qu'excitant ("le grand livre des secrets les mieux gardés du monde"), pour l'épais cartonnage qu'il faut ouvrir avant de pouvoir prendre l'ouvrage entre ses mains, Ne pas ouvrir (Editions Milan) est incroyable. Il y a à peu près une idée de long-métrage hollywoodien à chaque page, et le livre en contient pas moins de 260. Autant dire que les enfants ne sont pas prêts d'en voir la couleur...

secrets
3. Quand j'ai acheté pour la première fois ce livre, je me suis dit qu'aucun éditeur français n'aurait jamais la folie de le traduire vu qu'il est difficile de savoir à qui il s'adresse vraiment. Je l'ai trouvé au milieu d'ouvrages pour enfants, mais je ne suis toujours pas sûr que c'est à eux que s'adresse Splendeurs et misères d'une starlette de poulailler (Calman-Lévy), une série de portraits qui est beaucoup moins innocente qu'elle ne le paraît. Rien que pour la minutie de la reconstitution de chaque scène, ce livre est incroyable.

poussin
2. Je n'ai pas trop compris ce qui avait motivé la personne qui me l'a vendu à se séparer d'un livre qui contient plus de 150 recettes de desserts tous plus étouffe-chrétiens les uns que les autres. Echapper à la tentation ? Punir un mari infidèle ? Je n'avais pas fini de le feuilleter que je ne savais déjà plus où donner de la tête. Shortbread ? Toffee Cake ? Pumpkin Pie ? De tous les points de vue (iconographie, traduction), I Love Cake (Marabout) est un régal.

cake
1. Acheter un accessoire pour téléphone portable est le comble de l'inutile pour un garçon qui n'en possède toujours pas. Ce qui ne m'a absolument pas empêché d'acquérir pour un euro symbolique ce sympathique buste destiné à servir de rangement pour un combiné portatif. Evidemment, quand j'ai découvert qu'on pouvait aussi y insérer la télécommande de la télévision, ça a été une révélation à coté de laquelle celle de l'invention du fil à couper le beurre demeure une anecdote dans les marges de l'Histoire, la vraie, celle avec un "H" majuscule. Comme celui de Han Solo.

dark

19 décembre 2009

Mal envoyé

Comme j'en avais beaucoup entendu parler, j'étais curieux de voir l'édition d'Envoyé spécial consacré à internet et au téléchargement. Je suis donc allé sur le site de l'émission, mais malheureusement le reportage n'était pas disponible. Je suis ensuite allé vérifier sur Dailymotion si un petit malin ne l'avait pas rippé, et c'était le cas : mais le débit était très mauvais et le visionnage s'arrêtait toutes les 30 secondes. J'ai trouvé des bribes sur Youtube, mises en ligne par certains des protagonistes de l'enquête pour se faire leur publicité. Alors j'ai fini par là où j'aurai du commencer : j'ai tapé le libellé de l'enquête sous Google, et j'ai dans la seconde trouvé un lien pour la visionner intégralement via un blog qui recense des liens vidéos. La boucle était bouclée.

envoye
Cette anecdote met en avant un des grands oublis du reportage : la responsabilité, non pas des fournisseurs d'accès internet, mais des moteurs de recherche dans l'accès aux contenus illégaux. S'il ne m'a fallu qu'un clin d'oeil pour visionner Envoyé spécial, il ne m'en aurait pas fallu tellement plus pour trouver n'importe quel film à l'affiche ou n'importe quelle série de HBO. Il m'aurait juste suffit de taper son titre accompagné soit du nom d'une des plateformes d'hébergement de fichiers (pour un téléchargement), soit simplement du mot "stream". C'est tellement facile que je me demande pourquoi ça l'est autant. Et pourquoi les mesures les plus simples ne sont pas celles auxquelles on pense en premier. 

13 décembre 2009

Fun radio

Avant de m'atteler au dépiautage du top 75  de Said The Gramophone, j'ai décidé de commencer par des petites foulées et m'enfiler le top 35 de Tsururadio. Et là, surprise à la 4ème place : un groupe dont je n'ai jamais entendu parler (fun.), mais une voix que je n'ai pas oubliée. Et pour cause : c'est celle de The Format, le groupe qui a eu la mauvaise idée de se séparer au moment où les portes de la gloire lui étaient grandes ouvertes. The Format, ou le chainon manquant entre Hal et Mika. The Format, mon plus gros coup de cœur de l'année 2007. A peine découvert, à peine enterré, avec une compilation de faces b et de raretés à titre d'oraison funèbre.

fun
Ce que j'ignorais totalement, c'est que Nate Ruess a formé fun. sur les cendres encore chaudes de The Format. Et que, dès les premières secondes, la magie est intacte : les chansons ressemblent toujours à ces châteaux en Bavière qui provoquent l'admiration autant par la méticulosité du détail que par l'opulence à tous les étages. Et que cette nouvelle incarnation place même la barre un cran plus haut au niveau des arrangements : un single passe-partout est le prix à payer pour accéder au reste de la visite. Escaliers dérobés, chausse-trappes et trompe l'oeil sont au programme, avec un beau bouquet final à l'arrivée : les sept minutes de "Take Your Time (Coming Home)", générique de fin d'un premier album euphorique.

fun. ne ressemble pas à grand-chose au niveau de la pop contemporaine. Pourtant, Nate Ruess est peut-être la plus grande bouffée de bonne humeur depuis Ben Folds. Sur les nombreuses vidéos qui trainent sur Youtube (le moindre showcase du groupe semble avoir été filmé), il a tout du jeune premier rasé de près. Il ne laisse rien présager de l'interprète exubérant qui sommeille en lui. Et de l'extraordinaire potentiel de fun., qui rentre direct dans le top 5 des groupes que j'ai le plus hâte de voir sur scène en 2010. S'il d'ici là, il n'a pas encore changé de nom et de personnel.

Photo : Kim Niedermaier.

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11 décembre 2009

Don't Let Me Down.

Pendant près de trois heures, debout au milieu de la fosse après avoir fait 45 min de queue dehors avant de pouvoir rentrer, j'ai regardé un écran géant sur lequel un sextuagénaire entouré par ses compagnons d'infortune (dont le sosie de Popa Chubby à la batterie) entonnait ses plus gros tubes devant un parterre conquis d'avance. Ce qui aurait dû constituer l'apogée de ma tournée des grands ducs (pour rappel : Neil Young - Crosby Stills & Nash - Steely Dan - Fleetwood Mac) a paradoxalement été la date de trop. Devant cette image de lui étirée dans le sens de la hauteur (volontairement ?), je me suis cru à un de ces concerts d'Elvis par procuration, où un backing band de retraités accompagne un fantôme.

paulo
Paul McCartney à Bercy, c'était un peu ça. Je ne suis pas rentré dans le concert (à quelques exceptions près, et curieusement à chaque fois des morceaux des Wings : "Mrs Vanderbilt", "Band on The Run", "Live and Let Die"...) parce que je ne me sentais pas encore assez vieux pour accepter ça. When I'm 64 ? Ouais, on verra. En attendant, pour Lou Barlow à Bercy, je réfléchirai à deux fois quand même.

Photo : John Pozadzides

6 décembre 2009

Les 10 livres que j'ai préférés cette année

10. C'est totalement crétin, sexiste et gratuit mais j'adore Sun-Ken Rock pour toute une série de petits détails, comme les états d'âme de l'auteur imprimés sur les revers de la couverture ou le dessin cochon qui est toujours caché sous la jaquette.  D'une intensité graphique qui frôle la virtuosité, Sun-Ken Rock est à la fois le poison et l'antidote. Impossible de savoir à quel degré il faut lire chaque volume, où la violence est toujours poussée jusqu'à son paroxysme. Mais j'en redemande.

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9. Dans l'absolu, c'est le genre de fausse bonne idée qui donne en général un résultat décevant : un scénariste asiatique associé à un dessinateur occidental. Mais tous les a-priori se sont évanouis devant l'originalité du dessin et la force de l'histoire : le communisme à la chinoise vu à travers les yeux d'un enfant dont le père est artisan malgré lui du "grand bond en avant". Evidemment, impossible de ne pas penser à Marzi ou à Gen d'Hiroshima, autres récits inscrits dans un contexte politique brûlant. Mais Une vie chinoise tient pour le moment la comparaison.

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8. Je ne suis pas sûr d'être fan de Kim Youn Kyung, ni du prétexte qui sert de trame narrative à Ma vie chez Yureka. Par contre, envisagé comme un roman-photo sur le quotidien d'une mangaka coréenne, c'est à la fois ultra-documenté et terrifiant : enfermée avec ses assistants, la créatrice de Yureka bosse jusqu'à 17 heures par jour pour boucler les 20 pages hebdomadaires qu'elle doit rendre à son éditeur. Du stakhanovisme appliqué à la bande dessinée. Avec des couettes.

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7. A ceux qui se demandaient où ils voulaient en venir avec leur série, Global Boboland apporte un début de réponse en accélérant la marche du n'importe-quoi. Et c'est quand la farce devient de plus en plus grosse (à base de chevreuils réimplantés au Bénin par orgueil et de magasins de fringues ouvrant une brèche spatio-temporelle) qu'elle prend toute sa saveur : car l'absurde est la meilleure forme de critique de notre époque.

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6. Avant Isaac le pirate, les récits de flibuste ne m'intéressaient pas du tout. Et je n'avais rien à carrer du western avant Gus. Avec ce ton qui tient autant de l'hommage (une mise en couleur pop façon Morris) que du remake iconoclaste (Si les cowboys de Christophe Blain ne pensent qu'à tirer, ce n'est pas uniquement avec leur six-coups...), j'en viens presque à loucher sur les étoiles de shérif.

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5. Ce n'est pas parce que je me suis déjà longuement répandu sur le dyptique de Mahler (L'Art selon Madame Goldgruber / L'art sans Madame Goldgruber) que je n'allais pas en profiter pour en remettre une couche : avec l'air de ne pas y toucher, l'Autrichien balance des pavés dans la mare. Et défonce les idées reçues : "la planche originale n'a pas de valeur", "les expositions de bandes dessinées m'ennuient profondément", "la bande dessinée et l'art ont toujours été des ennemis irréductibles"...

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4. Emmanuel Guibert est certainement l'auteur le plus sous-estimé de notre époque (surtout quand je lis dans Elle que grâce à Joann Sfar, la bande dessinée est parvenue à égaler la littérature). L'éclectisme de son œuvre (de La guerre d'Alan à Ariol) n'a d'égal que sa densité. Mais derrière l'auteur, il y a aussi le dessinateur qui se réinvente à chaque page de ses carnets, mêlant techniques graphiques et supports narratifs. Loin de la bande dessinée, Japonais mérite ses 46 euros (mais si vous le trouvez d'occasion, ce n'est pas mal non plus).

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3. Relire le Dark Knight de Frank Miller dans son édition Absolute ultra-luxueuse, vingt-deux ans après avoir acheté le tome 1 paru chez Aedena, ça donne quoi ? Et bien c'est toujours aussi décapant : car aucun réalisateur qui se soit attaqué au mythe n'est jamais parvenu à égaler la noirceur et la folie de Miller. J'ai même l'impression qu'au niveau bande dessinée, depuis vingt-deux ans, aucun auteur n'ait réussi à donner à Batman autant d'épaisseur.

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2. Si je n'ai pas fait de découverte majeure en manga pendant l'année 2009, Ushijima n'a cessé de se bonifier de volume en volume. Un peu à la manière de The Shield, Ushijima délaisse rapidement le terrain de l'ultra-violence pour s'intéresser à la mécanique inéluctable de la chute : comment on en vient à contacter un prêteur sur gage clandestin et quels en sont les effets irréversibles. Au-delà des genres (le thriller, le manga...), un très grand série.

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1. Impossible de départager Transat de Ma vie mal dessinée sur la première marche. Parce qu'ils sont tous les deux ce qui pouvait arriver de mieux à la bande dessinée autobiographie : le terreau d"un récit larger than life, empreint d'humour et d'humanité, où l'auteur se dévoile sans s'exhiber. J'aimais déjà beaucoup Aude Picault et Gipi, mais je ne me doutais que leur meilleur livre était encore devant eux. Jusqu'au prochain ?

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4 décembre 2009

Gramo Awards

Depuis 5 ans, c'est un peu l'examen de passage. Le partiel de décembre. Et toi, t'as eu combien ? La moyenne ? En 2008, je m'étais fait rétamer sévère : à peine 11/50.  Ce qui ne m'a pas empêché de me représenter cette année. Je pensais avoir été plus assidu. Mais le sentence a été sans appel : 13/75, soit un score encore plus faible. Quelle raclée.

said
le classement des meilleurs chansons de l'année selon Said The Gramophone est la baromètre incontesté de la blogosphère. Ce que vous avez aimé est vite éclipsé parce que vous avez raté. En l'occurrence : Sister Suvi, Rattail, Mathias Aguayo, Whitered Hand, Smith Westerns, Speech Debelle, Nurses, Cuddle Magic... Chaque fois que je consulte le classement de Sean Michaels, l'auteur du blog en question, j'ai l'impression d'être passé à côté de tout. Et c'est ce que j'aime en le lisant : savoir que, contrairement aux désolants classements avec lesquels la presse écrite nous rebat les oreilles, les meilleurs disques sortis cette année m'attendent encore. Mais que j'ai encore jusqu'à fin décembre pour me rattraper en écoutant en boucle  75 MP3 triés sur le volet par un Canadien fan de Shakira et Julie Doiron. Tous les ans, Sean Michaels me botte le cul. Vas-y Sean, tape là où ça fait mal. Moi, je n'attends que ça.

28 novembre 2009

Dans le Windmill(e)

Quand, dès la fin du premier morceau, je l'ai vu quitter son clavier pour venir rouler du cul devant les premiers rangs amusés, puis s'excuser de danser comme son père, j'ai compris que tout était possible pendant un concert de Windmill. Y compris que le chanteur passe autant de temps à parler qu'à chanter, qu'il se moque de la noirceur de ses propres textes, qu'il puise très loin ses références culturelles (il compare le duo formé par son bassiste et son batteur au couple Schwarzenegger / De Vito dans le film "Twins") et prétende que son tour manager français lui a fait des avances en le raccompagnant à l'hôtel... On est à la frontière du one-man show tant ce garçon possède un sens du contact inné avec le public.

windmill
Pourtant, la partie était loin d'être gagnée : son groupe vient de publier un second album dans le plus parfait anonymat, se produit en première partie de Wild Beasts à Point Éphémère et je ne pense que peu de spectateurs sont là pour eux. Je suis venu par curiosité, parce que Puddle City Racing Lights m'avait laissé sur une impression mitigée : deux titres incroyables (Aaah : Tokyo Moon), mais un mimétisme vocal avec Wayne Coyne parfois gênant. Ce qui ne semble pas traumatiser le moins du monde le dénommé Matthew Thomas Dillon, qui assume parfaitement sa schizophrénie : interpréter des chansons désespérées le sourire aux lèvres. Toutes les occasions sont bonnes, y compris quand il fait exprès de jouer des intros lentes pour vérifier que l'éclairagiste va bien baisser ses spots à ce moment-là.

A la fin du concert, Matthew Thomas descend même pas dans le public pendant "Ellen Save Our Energy", le tube de leur second album. Il est visiblement trop content d'être là. Et moi qui suis à quelques mètres de lui, j'ai envie de danser les bras en l'air parce que c'est vendredi soir, parce que la fièvre m'a fait rater Dominique A. hier soir, et parce que c'est tellement bien, Windmill. Quel dommage que les disques ne reflètent pas cette énergie et cette générosité. Quel dommage qu'ils ne soient pas en vente à la fin du concert (mais vous les trouverez sans problème sur eMusic), moment que le groupe réserve à la distribution de posters gratuits. Quel dommage que je n'ai pas connu par cœur les chansons de Epcot Starfields pour les chanter avec eux. Leur set s'achève à peine que j'ai déjà hâte de les revoir : un concert se termine, une grande histoire d'amour commence.

Photo : Christoph!

15 novembre 2009

Chuck Me I'm Famous

Tous les matins, je retrouve Chuck sur le quai du métro et on fait le chemin ensemble jusqu'à la porte de Clignancourt. Le fait qu'il ait des avis arrêtés sur à peu près tout et n'importe quoi (la forte dose d'énergie sexuelle statique au sein des journaux étudiants, la carrière de Falco, en quoi Kid A prédit le 11 septembre 2001, le délai réglementaire avant de sortir avec l'ex de son meilleur ami, la frontière ténue entre la tristesse et l'intelligence, les films dont le héros est victime d'un complot auquel personne ne croit sauf lui,  les gens qui assistent aux concerts uniquement pour pouvoir dire ensuite qu'ils y étaient...) ne me dérange pas du tout : au contraire, j'adore ce mélange de lucidité et de mauvaise foi qui le caractérise. Souvent, je suis largué, surtout quand il m'entreprend sur des sujets aussi pointus que Foghat, Edward Winter ou REO Speedwagon. Mais je bois du petit lait en l'écoutant. J'oublie qu'en raison des travaux, la station Jaurès est actuellement fermée au public, et j'ai l'impression de me retrouver à l'intérieur d'une Ford Taurus Silver qui traverse les Etats-Unis.

Chuck
C'est la première fois que je relis Je, la mort et le rock'n'roll de Chuck Closterman, et ce livre soulève toujours autant de questions chez moi : Comment parvient-il à me faire rire tout en égratignant mes groupes préférés ("Chaque type de Joy Division aurait dû se pendre, probablement ; New Order n'aurait manqué à personne, à part à une bande d'idiots qui pensent de prendre des drogues et danser est plus fun que boire et se sentir mélodramatique") ? Pourquoi écrire sur le rock n'est-il pas toujours aussi ludique ? Comment se fait-il que je me sente aussi proche de cet originaire du Minesotta qui soliloque sur le fait que "Walking in LA" des Missing Persons est probablement le single le plus visionnaire de 1982 ? Comment est-il arrivé à concilier indépendance d'esprit et conscience professionnelle ?

Plus je relis Chuck Closterman, plus je deviens imperméable à la critique, car elle n'a absolument pas tenu compte des brimades qu'il lui fait endurer ( "En ce moment, le journalisme rock consiste principalement en une chronique légère  accompagnée d'un question / réponse : ça n'apprend rien à personne (habituellement) et il n'en sort rien de nouveau (jamais)". Je, la mort et le rock'n'roll est paru en 2005, et malheureusement aucun disciple n'est apparu depuis  pour soutenir l'auteur dans sa croisade contre le musicalement correct.   Il n'a pas l'air pour autant de mal s'en porter, bien au contraire : sa récente chronique des remasters des Beatles est haut la main ce que j'ai pu lire de plus original sur le sujet.

Deux fois par jour et cinq fois par semaine, je retrouve Chuck. J'avance sans me presser. Je me délecte quand j'apprends que Rumours de Fleetwood Mac est son album favori des années 70, et je ricane quand il se moque d'Interpol. Si je relis Je, la mort et le rock'n'roll, c'est pour mieux enchaîner sur Sexe, drogues et pop-corn, son second ouvrage traduit en français. Je ne sais pas s'il me marquera autant que le précédent, mais je suis par contre deux fois plus impatient de le découvrir. Je sais qu'il m'attendra sur le quai direction Porte Dauphine sous le coup des 09h20. Et que pour rien au monde je ne raterai ce rendez-vous.

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