Playmates
Si la paresse m'avait conduit, après un top 5 des concerts que j'ai ratés, à publier un classement des groupes dont je regrette de ne pas avoir parlé en 2008, les Mates of State auraient figuré en bonne place. Et même si Garrincha a récemment publié un article partant du même constat, je ne peux que repasser une couche derrière lui. Mates of State, le meilleur duo pop américain actuel. Le plus immédiat, le plus irrésistible, le plus attachant. Je ne sais pas combien de fois j'ai pu écouter "My Only Offer" depuis que je l'ai téléchargé sur un blog. Certainement autant que "For The Actor", "Fraud in the 80's" ou "Goods", les tubes de leurs albums précédents. Ce duo possède un sens de l'efficacité qui ne va qu'en s'affinant. Le dernier album, Re-Arrange Us, en constitue la démonstration parfaite : il est encore un cran au-dessus de Bring It Back. Il se paye même le luxe d'un certain classicisme, chose que certains esprits chagrins n'ont pas manqué de lui reprocher (genre : c'était mieux quand vous ne connaissiez pas), alors que le groupe n'a fait que s'offrir les moyens que ses compositions réclament.
Dans un monde parfait, les Mates of State devraient être beaucoup plus connus. Mais malheureusement, ils n'ont rien de sulfureux : ils vivent en couple et voyagent avec leurs enfants, ils participent à des émissions de télévision cul-cul la praline pour lesquelles ils se mettent sur le 31, ils vont même passer la journée à Disneyland. Ils racontent même tout ça photos à l'appui sur leur blog, et rayonnent tous les deux de bonheur. Comme dans leurs chansons quand ils vocalisent à l'unisson. Ils sont moins glamours que les Ravonettes, moins populaires que les White Stripes, moins cultes que Low, moins cérébraux que The Fiery Furnaces, moins branchés que Sonic Youth, moins sulfureux que The Kills. Et pourtant, je les aime presque autant que tous ces couples réunis parce qu'ils ont compris que la vraie différence, c'est simplement de rester soi-même. Je ne sais pas si j'aurai la chance de les voir un jour en concert (par deux fois, les dates annoncées sur Paris n'ont pas été confirmées) et d'acheter un de leurs sublimes t-shirts, mais j'attendrai le temps qu'il faudra. Les Mates of State se méritent. Et je dois encore répéter si je ne veux pas être ridicule devant eux.
Photo : Ryan Muir.