Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
i wanna be your blog
12 janvier 2009

Calmos à moelle

Jusqu'ici, la secte des disciples de Jean-Pierre Marielle était divisée en trois ordres : ceux qui avaient vu Calmos, ceux qui en avaient entendu parler, et ceux qui vivaient dans l'ignorance. Benjamin m'avait mis dans la confidence, peut-être même avait-on envisagé de visionner ensemble le divx réalisé d'après une antique vhs, mais rien ne s'était concrétisé. Jusqu'à ce que Ciné Cinéma Club lâche la bête vendredi soir. Et je dois reconnaître que le long-métrage oublié de Bertrand Blier est à la hauteur de sa réputation : sulfureux, outrancier, délirant. Porté comme un grand vent de liberté comme il n'en existe plus actuellement : il faut remonter à Marco Ferreri ou à Federico Fellini pour trouver des exemples de cinéastes piétinant avec autant de sans-gêne les limites du bon goût. Même Joel Séria n'était pas allé aussi loin : car si le gynéco misogyne campé par Jean-Pierre Marielle évoque irrésistiblement Henri Serin dans Les Galettes de Pont-Aven, le scénario va beaucoup plus loin. Jusqu'à l'ultime scène allégorique qui, niveau n'importe quoi, enfonce Zardoz (même s'il s'agit en réalité d'un référence à une nouvelle de Bukowski).

Calmos

Sortie en 1976, Calmos est un pamphlet visant à tourner en ridicule l'émancipation de la femme. Comme souvent chez Blier, le ton est plus proche de Hara-Kiri que de Molière et les répliques d'anthologie fusent. Il faut dire que le gratin s'est donné rendez-vous : Jean Rochefort, Bernard Blier, Claude Pieplu, Brigitte Fossay, mais aussi Gérard Jugnot, Marthe Villalonga ou Dominique Lavanant. Alors que la première partie, par son éloge des plaisirs de la table, peut faire penser à La grande bouffe, la seconde s'apparente plus à de la science-fiction. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Apocalypse 2024, un film méconnu où Don Johnson est la proie d'amazones (mais je suis sûr que cette idée  a été réutilisée dans Sliders). Dès qu'il quitte les limites du possible, le film de Blier n'a plus qu'une seule alternative : explorer celles de l'invraisemblable. Avec un sens de la démesure que je trouve malheureusement inégalé depuis : à une époque où Steak est considéré comme un OVNI, il faut voir Calmos pour se rendre compte que, 30 ans plus tôt, on est allé beaucoup plus loin. Et qu'on rigolait bien plus souvent.

Indisponible en DVD suite à des problèmes de droits (mais largement disséminée sur les plateformes communautaires), cette charge sans pitié a en partie été reniée par son auteur. Dans un entretien dont DVDrama reproduit de larges extraits, Blier explique sa déception par rapport au film qu'il aurait voulu faire et qu'il n'est pas arrivé à tourner. Il est le seul à pouvoir en juger. Mais pour tout fanatique de Jean-Pierre Marielle qui se respecte, Calmos constitue un sommet, même si c'est de connerie. La seconde rencontre entre les deux plus belles moustaches du cinéma français aura lieu 20 ans plus tard devant la caméra de Patrice Leconte et sera malheureusement beaucoup moins mémorable. Et les Bliers récents paraissent bien fades à côté de cette énorme farce. Autant de raisons pour la remettre à la place qu'elle mérite : celle de curiosité majeure du patrimoine national. Qui n'aura jamais autant rimé avec anal.

Publicité
Commentaires
B
"La seconde rencontre entre les deux plus belles moustaches du cinéma français aura lieu 20 ans plus tard"<br /> Non monsieur Dumez :-) il est grand temps que vous visionniez [ça->http://fr.wikipedia.org/wiki/Comment_réussir_quand_on_est_con_et_pleurnichard], un autre grand moment de n'importe quoi dont les dialogues sont à apprendre par coeur, intégralement.
T
La sainte trinité :<br /> - Comme la lune<br /> - Les galettes...<br /> - Calmos<br /> (mettez les dans l'ordre que vous voulez)<br /> + tous ses rôles secondaires dans des films qu'on ne peut pas s'empêcher de re-re-re-re-regarder pour le plaisir de 2 ou 3 répliques bien senties.
M
Ah oui la scène des rillettes... Va falloir que je révise un peu.<br /> Mais pour moi le top de Marielle restera "comme la lune" dont je garde aussi précieusement ma VHS pourrie.
C
Ma scène préférée, c'est celle, muette, des rillettes dans le cabinet de gynéco. Le commencent parfait.
T
Je n'ai plus de magnétoscope mais je garde précieusement ma VHS!
i wanna be your blog
Publicité
Publicité