Mon Amérique à moi

Depuis les coulisses, à quelques instants d'entrer en scène, les garçons s'étaient concertés. Philippe Dumez m'a dit qu'il venait, alors je compte sur vous, les mecs. Il faut qu'on lui en mette plein la vue pour qu'il parle de nous sur son blog. Frabou, dès que tu commençes à avoir chaud, tu enlèves ton dufflecoat pour bien qu'il voie que tu portes une chemise à carreaux à boutons nacrés en dessous. Avec ta barbiche à la Graham Nash, il devrait craquer. On chante bien à trois voix sur les premiers morceaux pour lui montrer que nous aussi, on pense que "Holiday" est l'album que les Beatles auraient dû enregistrer en lieu et place de "Let It Be" et que ce n'est pas parce qu'on vient de St Lô qu'on ne peut pas rêver de Laurel Canyon. Dès que l'un d'entre nous le voit baîller (il va à la piscine le mercredi sur l'heure du déjeuner, alors c'est possible qu'il ait un coup de barre), on change la formation et on fait le morceau au piano. Tahiti Boy nous accompagnera au yukulélé, ça lui rappellera de bons souvenirs. Et on termine par le nouveau, celui avec un beat un peu disco, histoire de lui donner envie de revenir nous voir.

Mercredi soir, je suis tombé dans le piège que m'ont tendu les Da Brasilians. Ce n'était pas la première fois que j'y mettais les pieds, mais j'ai foncé les yeux fermés. Je sens la corde se serrer autour de mon pied, et bientôt je me retrouve la tête à l'envers, délesté des a priori qui tombent de mes poches. La sensation est loin d'être désagréable. Je perds peu à peu mes repères spatio-temporels et je les apprécie pour ce qu'ils sont : des très bons mélodistes qui, à défaut de s'inscrire dans la tendance, ont choisi de reprendre un flambeau vacillant. Dire qu'ils sont nos Fleet Foxes ne serait pas leur rendre service : ils sont notre rêve américain et c'est déjà beaucoup.

photo : Oliver.Peel

Comments

[Anne]

Mais à quand l'album, là est la question...