God Save The Quinn

Alors que je ne l'avais pas croisé depuis un moment, j'ai l'occasion de tomber deux fois sur lui  dans la même semaine : aux côtés de River Phoenix sur la jaquette du DVD de Stand By Me, et quelques jours plus tard sur Cinéfamiz, alors que je suis en train de régler le magnétoscope. Mais que fait-il aux côtés de Kangourou Jack lui qui, il y a dix ans, explorait les mondes parallèles ? Jerry O'Connell, que s'est-il passé ?

Ceux qu'il a entraînés avec lui le surnomment avec une pointe d'ironie "le petit génie" : s'il est parvenu à ouvrir un portail interdimensionnel à l'aide d'une télécommande appelée "le minuteur", il demeure néanmoins incapable de faire machine arrière. Et au même titre que les héros du Tunnel du temps 30 ans avant eux, ceux de Sliders, à défaut de pouvoir rentrer chez eux, sont condamnés à errer sur la grille des programmes de M6. Chaque épisode se déroule selon un rituel immuable : sitôt arrivé dans un monde parallèle où le temps a suivi un cours différent (les russes ont gagné la seconde guerre mondiale, l'électricité n'a jamais été découverte...), un des protagonistes est capturé et Jerry va mettre en oeuvre un plan diabolique pour parvenir à le délivrer avant la fin des 42 minutes réglementaires. C'est assez répétitif dans l'ensemble, sauf quand les scénaristes sortent de leur routine pour péter les plombs.

Et c'est là où Sliders (au même titre que Buffy à la même époque) devient passionnant : quand l'intrigue va au-delà des thèmes classiques de la science-fiction. Comme dans cet épisode de la saison 2 (peut-être la meilleure) où les héros, se croyant revenus sur leur terre d'origine, se tirent la bourre pour publier leurs mémoires et profiter par tous les moyens de leur début de célébrité. Au cours de la saison 3, une guest-star inattendue prend les traits du colonel Rickman : c'est Roger Daltrey ! Même si sa prestation reste très anecdotique, c'est le début de la fin : les comédiens, craignant le naufrage à la Tommy, disparaissent les uns après les autres du casting, et les scénaristes déploient des trésors d'imagination pour expliquer leur absence (il s'est sacrifié, elle est retenue prisonnière...).

A la fin de la saison 4, Jerry O'Connell lui-même tire l'éponge sans que cette décision remette pour autant en question l'existence de la série : il est lui aussi remplacé par un autre comédien, qui est censé incarner le résultat d'une malheureuse expérience lors de laquelle son personnage a été fusionné avec un autre ! Même M6 n'y croit plus et la saison 5 ne sera diffusé que de manière archi-confidentielle que par la chaîne Sci-Fi. Pendant ce temps, Jerry O'Connell renoue avec ses premières amours et apparaît dans Scream 2, Mission to Mars ou Sexe Attitudes. Mais pas plus que Sarah Michelle Gellar, il ne parvient à franchir le cercle des séries. Il finit par y retomber en 2004, et on le voit au générique de FBI : Portés disparus ou de Une famille deux en un.

Mine de rien, je l'aimais bien, mon Jerry. Ou plutôt mon Quinn Mallory, puisque c'était le nom de son personnage. J'aurai voulu continuer à grandir avec lui, mais son rôle, comme dans Sliders, reste celui d'un passeur : c'est certainement la dernière série pour ado à m'avoir passionné avant de découvrir les productions HBO. Comme à l'époque de Stand By Me, film à la frontière du cinéma d'auteur. Alors bonne route, Jerry. J'aurai toujours une pensée pour toi chaque fois que j'actionne mon minuteur. De cuisine. 

Comments

[augustin]

Deux fautes de français dans la même phrase...
Vous ne nous aviez pas habitués à cela monsieur Dumez...
C'est quand même un plaisir de suivre (presque) quotidiennement vos tribulations "musico-éclectico-mangaesques"..
Merci.
Continuez.

[Jean-no]

Il a quand même eu la chance d'obtenir un vrai rôle une fois puisqu'il interprète le petit copain de Mariah Carey dans le clip "heartbreaker". À la fin, la gentille Mariah (il y a aussi une méchante Mariah dans le clip) lui renverse dessus un gobelet (enfin ce qu'on appellerait un seau en carton en France) de coca et de glaçons sur le pantalon. Bien fait.