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2 juin 2008

Initials E.J.

Dans son séminal Playlist, Charles Berbérian raconte l'histoire d'un album qu'il a recopié sur mini-disc sans prendre le soin d'en indiquer la nature, et du mystère qui l'a entouré. Il l'écoute sans pouvoir l'identifier, sans que cette situation frustrante soit pour autant déplaisante. J'ai eu pendant plusieurs mois sur mon disque dur un morceau magnifique d'une interprète baptisée EJ. Le morceau a été mal tagué par la personne qui l'a encodé, et j'ai déjà oublié sur quel blog je l'ai téléchargé. C'est d'autant plus difficile d'en savoir plus que, musicalement, le style d'EJ est intemporel : elle peut aussi bien être une cousine de Shirley Collins, une voisine de Vashi Bunyna ou une copine de This Mortal Coil. Je suis même sur le point d'abandonner quand je découvre la chronique de François Gorin consacrée à Essie Jain. Un lien youtube, puis une page myspace. A la clé, la solution de mon énigme. EJ = Essie Jain. Et je ne suis pas au bout de mes surprises.

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Essie Jain est une jeune américaine dont le premier album, paru début 2007 sur Ba-Da-Bing (le label qui a découvert Beirut), connaît enfin une distribution européenne par le biais du The Leaf Label (Efterklang, Colleen, A Hawk and A Hawksaw...). Filmée par Vincent Moon dans les rues de New-York il y a deux ans, elle ressemble à la flée Clochette perdue dans Manhattan. Assise sur des escaliers de secours ou à l'arrière d'un camion de livraison, elle chante en s'accompagnant d'une guitare, figeant le temps autour d'elle. Samedi dernier, Essie Jain ouvre la "soirée à emporter" organisée par le Blogothèque. Robe longue à motifs et chaussures à talons, jambes croisées derrière un Korg qui se dresse comme une barrière entre elle et le public. Le miracle de la voix s'accomplit dès les premières secondes de Glory. Puis vient Haze, le morceau mal tagué qui m'a donné du fil à retordre. Même si je me tiens à moins d'un mètre d'elle, elle conserve la même part de mystère. Comment fait-elle pour s'immiscer au plus profond de nous sans effort ? Comme réussit-elle, en dépit de son jeune âge, à s'inscrire dans la lignée des grandes prêtresses du folk anglais ? Et le chauve qui joue de la guitare à côté d'elle, c'est son copain ?

A la fin du concert, Essie fend la foule et part jouer dehors, sur les pavés du Canal St Martin. Même à la lumière du jour, à quelques centimètres des spectateurs qui ne la quittent pas des yeux, elle n'a rien perdu de la grâce du papillon qui figure sur la pochette de son disque. Elle sourit comme une petite fille, rougit un peu. Un peu plus tard dans la soirée, on la recroisera sur scène donner la réplique à Noah and The Whale avant de s'évaporer, comme elle était venue. Quand Essie Jain est passée, la magie qui reste dans l'air est encore d'elle.

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