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27 mai 2008

Une histoire d'argent

Voir les Silver Jews sur scène a fait partie pendant près de dix ans du top 5 des fantasmes inassouvis de l'amateur de pop underground : le groupe ne s'y prêtait tout simplement pas, et ses disques n'étaient pas moins bons pour autant. Ils étaient presque meilleurs à chaque fois puisqu'il fallait se contenter d'eux. Paradoxalement, c'est au moment où il en est paru un moins bon que l'annonce d'une tournée que personne n'espérait plus est tombée. Non seulement les Silver Jews donnaient des concerts, mais ils jouaient en plus en tête d'affiche du festival Mo'Fo, aux portes de Paris. Ca promettait d'être au moins historique. Malheureusement, ce triomphe programmé était lui aussi de l'ordre du fantasme : même épaulé par deux membres de Lambchop, un groupe qui n'avait jamais tourné partait avec un handicap. Surtout programmé juste après Beth Diddo, qui avait sué jusqu'à la dernière goutte de son corps sous les projecteurs.

berman

Deux ans plus tard, nouveau rendez-vous en clôture d'un autre festival : celui organisé par le tourneur Super. Nouveau lieu, nouvel horaire, nouvel album, Lookout Mountain Lookout Sea, dont la pochette rend un hommage inattendu à Jean de Brunhoff. J'ai trop aimé les Silver Jews pour ne pas leur avoir pardonné de m'avoir déçu. Surtout quand David Berman passe immédiatement l'éponge en ouvrant la soirée par "Trains Across The Sea", tiré du séminal premier album des Silver Jews Starlite Walker (je suis sûr que, comme moi, vous n'avez jamais écouté The Arizona Record jusqu'au bout). Il a décidé d'assumer pleinement son rôle de chanteur, déléguant toutes les guitares aux musiciens et s'éponge le front avec du papier-toilettes entre chaque titre plutôt que de laisser tomber la (magnifique) veste country qu'il arbore : la classe avant tout. La classe, et le détail qui tue : s'il s'habille chez Porter Wagoner, il semble avoir piqué la paire de lunettes de... Patrick Topaloff !

Le répertoire alterne classiques ("Black & Brown Blues", "Dallas", "Smith and Jones Forever"...) et extraits du petit dernier. L'heure passe vite. Tony Crow, le génial clavier de Lambchop, n'est malheureusement pas à la fête : il a du mal à s'élever par-dessus le mur de guitares. David Berman parle un peu, se souvient de son précédent concert parisien, confesse que ce soir, c'est son 57ème et enchaîne. Même les morceaux du précédent album, qui ne m'avaient pas séduit à l'époque, passent beaucoup mieux. Le final, sur "Punks in The Beerlight", est explosif. Bon, il n'a pas fait "New Orleans", ni "Send In The Clouds", encore moins "Secret Knowledge of Backroads", mais il a enfin été la hauteur : celle d'un groupe dont la récente incarnation tient plus, pour une fois, du miracle que du coup marketing. C'est tellement rare qu'il n'y a aucune raison de bouder son plaisir. Je n'aurai jamais cru avoir un jour l'occasion d'applaudir les Silver Jews, comme je n'aurai pensé voir débouler Daniel Johnston, Brian Wilson ou Built To Spill. Allez, plus que les Halo Benders et je pourrai me retirer sans regret à la campagne.

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