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19 août 2007

L'autel de Ville

ima0_papaestfatigue« Quand on se sent heureux, on n’en parle pas dans son journal intime ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Finlandais Ville Ranta ne l’est pas : il n’arrête pas de déchanter depuis la naissance de sa fille Fünu et ne profite pas une seule seconde de son congé parental. Il n’avance pas sur les illustrations qu’il doit rendre, vient de recevoir un scénario de Lewis Trondheim et songe à fermer Asema, la petite maison d’édition qu'il anime. Et ignore encore qu’il n’est pas au bout de ses peines…

Je n’étais pas du tout attiré par Papa est un peu fatigué de premier abord : après m’être fait pas mal de fois avoir, je suis devenu beaucoup plus difficile vis-à-vis des ouvrages autobiographiques, et la spontanéité du dessin de Ville fait passer Joann Sfar pour un perfectionniste. De plus, le livre commence par une série de croquis anecdotiques, retardant l’entrée de plain-pied dans le récit. Celui du diabète de Fünu, du désordre qu’il engendre, du désespoir qu’il fait naître et des remises en question qu’il provoque : je crois que jamais, depuis l’extraordinaire « Fumer de l’argent rend pauvre » de Rémi Malingrey, je n’avais retrouvé autant de profondeur, autant de sensibilité (ici exacerbée), autant de dureté. L’obstacle que peut représenter le dessin s’efface très vite : en plus d’être expressif, il a le mérite d’aller à l’essentiel, et remplit par là sa fonction première : constituer une autre forme d’écriture, encore plus personnelle et complémentaire.

J’ai refermé le livre plein de compassion pour Ville pour l’honnêteté avec laquelle il témoigne du combat qu’il livre au quotidien contre la lâcheté, sa maladie à lui. Du coup, je suis allé acheter Célébritiz, délirant scénario dessiné par Ville qui aurait très bien pu sortir de l’esprit dérangé de Michel Gondry ou de Charlie Kaufman (Michel Canard trouve dans la poche de la veste qu’il a acheté aux puces une boite en fer blanc contenant des pilules qui rendent immédiatement célèbre celui qui les avale). Et j’ai compris l’envie qui a poussé Lewis Trondheim à travailler avec ce Finlandais né en 1978 qui écrit également des pièces de théâtre et enseigne la bande dessinée. Un talent que je découvre grâce au pari d’un petit éditeur, Cà et Là, qui a fait un travail exceptionnel d’adaptation, en association avec l’auteur qui a lui-même relettré en français tout l’ouvrage. J’attends ses prochains livres avec impatience : il m’a redonné espoir en un genre en lequel j’avais cessé de croire. En m’y adonnant pourtant quotidiennement.

Bonus : un rare entretien avec Ville chez du9.

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