Prowsopopée
Vingt ans avant Daft Punk, David Prowse a trouvé le moyen d'accéder à un niveau de célébrité planétaire tout en restant parfaitement anonyme. Il n'y est pas parvenu par la musique, mais par la terreur : durant 6 ans, il a incarné un des plus célèbres super-méchants du cinéma américain. Sa silhouette massive a été décliné sous toutes les formes, de la brosse à dents au distributeur de Pez. A t-il seulement touché des royalties sur les produits dérivés qui ont été tirés de la trilogie qui l'a révélé ? Reste qu'à 74 ans passés, il ne se contente pas seulement de gérer un club de sport à Londres : il se fait inviter aux 4 coins du monde pour revêtir de sa signature les objets qu'on lui apporte, évidemment moyennant finance (15 euros la dédicace, 20 photo comprise).
Et il y a toujours des gros nigauds comme moi pour faire le déplacement. Assis derrière une table, difficile de se rendre compte qu'il mesure plus de deux mètres. Il ressemble plutôt à un retraité qui s'ennuie, puisqu'il est loin d'être débordé. Le fait que son apparition ait été annoncée sur les murs du métro parisien n'a pas suffit à faire vaciller les barrières qui étaient censées contenir la foule jusqu'à lui. Sans son sabre laser rouge, sans le bruit de la respiration artificielle, il ressemble à un seigneur Sith déchu. Sa voix ne fait même pas frémir, et pour cause : c'est James Earl Jones qui le doublait dans le trilogie. Ce qu'il reste de Dark Vador, c'est ce qu'on peut projeter sur lui : de la nostalgie et du rêve. Ensuite, quand on en a déjà eu pour 9,50 euros l'entrée, on réfléchit à deux fois. Et on prie pour ne pas retrouver Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo à la même place dans 20 ans...