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10 mai 2009

Gipi et Jean sont dans un bateau

Depuis le début de l'année, le chef d'œuvre se faisait attendre. Bastien Vivès n'était pas passé loin, mais c'était sans doute un peu tôt pour lui attribuer ce titre (et il faut qu'il apprenne à finir ses livres convenablement). Faute de découverte réellement renversante, restent les valeurs sûres. Comme Gipi, qui ne m'a jamais déçu, et qui s'est plusieurs fois approché de la perfection. Tellement près qu'il a fini par mettre la balle dans le panier avec son livre le plus audacieux : Ma vie mal dessinée.

gipi

Pourtant, ça commence plutôt mal : des pages dessinées à la va-vite. Aurait-il lui aussi cédé à la mode des carnets ? S'il s'en empare, c'est pour mieux la détourner et lui coller des gros bouts de fiction en plein milieu. A moins que ce soit l'inverse, et que l'autobiographie ne soit qu'une respiration au milieu d'un délire boucanier. Gipi joue avec son lecteur comme il joue avec sa vie, au propre (le récit de ses expériences psychotropes est terrifiant) comme au figuré (il omet volontairement des passages importants). Si Ma vie mal dessinée s'apparente parfois à une thérapie, elle est toujours pétrie de dérision. C'est pourtant avec une lucidité étonnante qu'il rend hommage à des êtres qui ont été importants pour lui : Gros Pif, Metadonius ou... Darby Crash, le chanteur des Germs. Au fur et à mesure de l'ouvrage, le trait se fait plus sûr, comme si Gipi avait trouvé sa vitesse de croisière en même temps que la direction à suivre. Il y aurait encore beaucoup d'autres choses à dire, comme citer aussi bien Hugo Pratt (l'épisode des pirates) que Nino Moretti (le défilé des médecins), mais je préfère vous laisser la surprise.

jean

Plus je lis Gipi, plus je regrette que Jean ne soit pas plus connu. Jean ? Un Rennais auquel on doit quelques fascicules parus sous le nom El Family Flying Carpet et des pages parues dans Le nouveau journal de Judith et Marinette. Si le propos est beaucoup plus léger que Notes pour une histoire de guerre,  niveau dessin, c'est aussi sidérant. Ce garçon dessine un chien qui dort,  un escalier en colimaçon ou une fille qui épluche des pommes de terre avec la même patte immédiatement reconnaissable : qu'il ne soit pas édité à une plus grande échelle, à l'heure où les collections consacrées aux jeunes auteurs se multiplient, tient purement et simplement du scandale. Jean ne possède pas de myspace, pas de blog, et le seul moyen de voir son travail reste d'acheter les livres auxquels il a participé.

jean2

Si tout les sépare, Gipi et Jean se ressemblent. Outre l'exceptionnel dynamisme de leur dessin, je sens chez eux la même passion immodérée pour la chose musicale, jamais abordée de manière frontale, mais pourtant omniprésente. Avant de citer les Germs et Zappa, Gipi mettait déjà en scène un groupe de hardcore amateur dans Le local. Les personnages de Jean jouent de l'air guitar ou réécoutent de vieilles cassettes. Même si l'un est beaucoup plus (re)connu que l'autre, je les admire pratiquement autant. En tournant leurs pages, j'ai l'impression d'entendre le disque qu'ils écoutaient en dessinant. Et j'ai envie de mettre le même.

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Commentaires
N
je ne comprends pas cette comparaison jipi étant juste un bon raconteur d'histoire (très bon)et Jean un virtuose aux idées bricolées et puis le public sensé rencontrer jean existe,c'est le vrai public de Jean qui sait le trouver c'est facile à la bulle fanzine tous les ans depuis plus de 15 ans<br /> voilà
A
Wahoo ! Je suis surpris que quelqu'un parle de Jean ! Et d'une si belle manière qui plus est ! Je suis rassuré de ne pas être le seul à penser que cet auteur fabuleux devrait être mille fois plus connu ! Par contre je ne connaissais pas El Family Flying Carpet, ça se trouve où ça ?...
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