Lettre à Darian Sahanaja
Cher Darian, je ne sais pas si tu te souviens de moi, je suis le connard qui s'est pointé avec 1/2 heure de retard quand tu as joué avec Brian Wilson à l'Olympia. Oui, oui, le mec qui a fait lever la moitié du dixième rang pour aller s'asseoir en plein milieu de "Time To Get Along" (et juste avant que Brian soit pris d'une quinte de toux pendant "God Only Knows"). Je suis content que tu me remettes. Je me permets de t'écrire parce que j'ai croisé des camarades à toi vendredi soir du côté de St Ouen, et, sans vouloir être désobligent, j'ai l'impression qu'il faudrait que tu les recadres un peu.
Tu as vraiment filé un sacré coup de main aux Zombies quand ils ont remonté Odessey and Oracle sur scène, et je crois que tu es en grande partie responsable du regain d'intérêt dont ils ont bénéficié, et qui leur permet aujourd'hui d'entreprendre une tournée sans toi, avec un line-up renouvellé suite à l'absence de Chris White et à la disparition de Paul Atkinson. Mais c'est là que le bat blesse : je passe encore sur le batteur et le bassiste, honnêtes exécutant d'un répertoire en or. Mais, par contre, le guitariste de Nik Kershaw, est-ce bien sérieux ? Le bûcheron qui taillait le solo de "Wouldn't It Be Good" venu saloper "She's Not There" et "Indication", ça a du mal à passer (D'ailleurs, deux jours plus tard, ça n'est toujours pas passé). Surtout que la première demi-heure du concert, pour peu qu'on veuille bien fermer les yeux sur "What Becomes of the Broken Hearted" (un tube mineur de Colin Blunstone enregistré avec Dave Stewart), laissait présager une bonne soirée : "I Love You", "A Rose for Emily", "I Want Her She Wants Me", "Cell of 44", "This Will Be Our Year" et "Time of The Season".
Mais c'est à partir de là que ça s'est gâté : quand nos seniors ont commencé à extraire des titres de leurs carrières solos respectives, qui n'ont malheureusement jamais égalé les sommets de leur réussite commune. Il y a eu quelques beaux titres de Blunstone solo ("Say You Don't Mind", "I Don't Believe in Miracles"...), sa participation à l'album d'Alan Parsons Project ("Old and Wise", malheureusement très inférieure à l'original), et puis l'horreur : l'interminable "Andorra", tiré du répertoire de Argent, le groupe monté par Rod Argent et Chris White dans les années 70. J'aurai aimé que tu soies là pour mettre fin à cette mascarade. Allez les mecs, un peu de sérieux, on reprend à "Friends of Mine". Un, deux, trois : "When we're all in a crowd. And you catch her eye...".
Je ne vais pas te déranger plus longtemps. Je me doute que tu doies être très occupé à remettre sur les rails une autre de nos vieilles gloires (The Left Banke ? The Millenium ? Alzo & Udine ? ). Mais si tu as l'occasion d'avoir Rod ou Colin au téléphone, pose-lui la question quand même : Brian Wilson m'a dit actuellement que vous jouiez des reprises d'Argent avec le guitariste de Nik Kershaw, et comme avec Brian, on ne sait jamais s'il est sérieux, je voulais m'assurer que c'était bien une blague, hein, pas vrai ? Je sais qu'il a toujours été très jaloux de "Odessey and Oracle" (la rumeur dit même qu'il aurait renoncé à terminer "Smile" après l'avoir écouté), mais vraiment, Nik Kershaw, quelle langue de pute ce Brian !
Photos : Djenvert