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29 janvier 2009

Martyn en voyage

Un jour de novembre 2000, j'achète Q Magazine pour tuer le temps dans l'Eurostar qui me ramène vers la Gare du Nord. Ce n'est pas en raison de l'artiste qui figure en couverture, mais pour le CD qui l'accompagne : une compilation estampillée "Essential Chill Out" et qui brasse sans complexe les époques : Kinobe, Fairport Convention, Moloko, Nick Drake, Grandaddy, Talk Talk... Aucun inédit, mais un choix de titres très pertinent. Et une révélation à la clé : Solid Air de John Martyn. Le son du vibraphone m'évoque immédiatement l'intro de Riders of the Storm, mais aussi l'ambiance feutrée et intimiste des concerts de Tim Buckley à Londres en 1968 ("Dream Letter", le meilleur disque live jamais paru ? Nous ne sommes pas là pour parler de ça). Je regrette de ne pas avoir acheté Q à l'aller : j'aurai profité d'un détour par le HMV de Tottenham Court Road pour faire plus ample connaissance avec le barde écossais.

martyn

Quelques semaines plus tard, alors que je cherche "Solid Air" à Parallèles, je tombe sur "Bless The Weather". Pochette kitchissime (visage christique sur un coucher de soleil, typo ampoulée) mais prix imbattable. Je fais confiance aux cheveux blancs du vendeur, qui m'en fait l'éloge, et je saute le pas. C'est peu dire que c'est un choc. Peut-être le plus gros depuis "Goodbye and Hello", "The Circle Game" ou "Veedon Fleece". C'est tellement beau que je ne comprends pas qu'une seule chanson de cet album n'ait pas été reprise par This Mortal Coil. La seule qui l'ait été, c'est quelques années plus tard, par des américains qui avaient chevauché dans le désert sur un cheval sans nom. Head and Heart figure sur le troisième album de America, celui qui commence par Ventura Highway. Je l'ai découvert par hasard, quand je me suis surpris à connaître les paroles d'une chanson que j'écoutais pour la première fois.

C'est presque à rebours que je suis allé vers le reste de la discographie de John Martyn : j'avais tellement peur que ce soit moins magique que "Bless The Weather". J'ai fini par trouver "Solid Air" qui est aussi merveilleux. J'en ai aussi acheté quelques-uns en vinyle, plus récents, mais sans retrouver le dépouillement qui m'avait plu dans les premiers. Alors je me suis arrêté là. Je ne suis même pas sûr d'avoir écouté le second disque de la compilation "Sweet Little Mysteries". Ce qui ne m'a pas empêché de conserver une relation très intime avec "Bless The Weather". C'est à partir de cette découverte que j'ai commencé à m'intéresser au folk anglais : Fairport Convention, Sandy Denny, Bert Jansch, Richard & Linda Thompson... Je n'ai bien évidemment pas fini d'en explorer les arcanes, mais pour être honnête, pour le moment, je n'ai rien trouvé qui me fasse autant d"effet que la voix qui, au début de Go Easy, implore : "Life, Go Easy On Me / Love, Don't Pass Me By".

Un soir de janvier 2009, j'apprends la disparition de John Martyn a l'âge de 60 ans. Je n'aurai jamais eu l"occasion de le voir en concert, et son visage demeurera pour moi toujours celui de ce jeune homme chevelu qui, à 23 ans, enregistrait "Bless The Weather". Un an après la sortie de "Pink Moon", dont il prenait humblement la relève. La sienne est aujourd'hui perpetuée par toute une génération de barbus (Bon Iver, Iron & Wine, Ray LaMontagne...) qui le citent sans peut-être l'avoir jamais écouté. Signe que la (re)découverte de son legs est imminente.    

Photo : Plastic Jesus.

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Commentaires
J
Il y a un mois, à Montreal, j'ai trouvé un promo 12" de John Martyn "Sunshine's better" remixé par Talvin Singh. Presque 13 minutes, c'est la version longue du remix qu'on trouve sur les Cafe Del Mar et autres compilations chill out. Quelle voix superbe... Ca et ton article me donnent envie de découvrir les vraies versions... Merci.
S
merde, l'hécatombe continue...chaque fois qu'un musicien admiré disparait, je me demande qui sera le prochain..nous sommes d'une génération qui va voir s'éteindre tous ces artistes chéris des 70's..bless John Martyn (je pense également que Bless the Weather est son chef-d'oeuvre)
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