Un coup de Jenny

Au sortir de la douche, je n'arrive pas à me décider : que choisir entre le t-shirt de sa première tournée solo (une tête de cowboy mal imprimée) et celui de la dernière apparition de son groupe (une vieille femme à la tête explosée) ? Je ne la vois qu'une fois par an, aussi je n'ai pas envie de la décevoir. En chemin vers notre rendez-vous, je planque mon alliance en fer blanc au cas où elle s'attarderait sur mes mains. Mais elle, que va t-elle porter ce soir ? Une longue robe country (2006) ou une tenue de playmate (2007) ? A ma grande surprise, elle a préféré une salopette moulante et un feutre noir. Je n'ose pas trop m'attarder sur l'espèce de maillot de bain une pièce qu'elle porte en dessous, ni sur la bretelle noire de son soutien-gorge. J'ai trop peur d'être pris pour ce que je suis : un de ses milliers d'amoureux.

Depuis le deuxième rang, je ne la quitte pas des yeux. J'attends ce moment où nos regards vont se croiser. Je sais qu'il durera moins d'une seconde, et je l'anticipe pour mieux en profiter. C'est sur "Rise Up With Fists" qu'il a lieu. Jenny Lewis a vu que j'étais là, et pour se faire encore plus désirer, elle a feint de ne pas me reconnaître. Elle chante, la plupart du temps au piano, les chansons de son nouvel album. Et, comme sur le précédent Rilo Kiley, elle s'essaye avec plus ou moins de bonheur dans des registres qui ne sont pas le sien. Elle invite par exemple le chanteur des Black Crowes ou Elvis Costello, sans qu'ils soient réellement indispensables.

Pour atténuer ma déception de la voir traîner avec des plus vieux que moi, elle a fait en sorte que toutes les ballades de son disque soient parmi les meilleures qu'elle ait jamais écrites. Et il y en a au moins deux à couper le souffle : "Badman's World" et "Godspeed". Histoire de me faire languir, elle a gardé la seconde pour le rappel. Et quand elle finit par l'interpréter, le monde s'arrête de tourner autour de nous. What are we gonna do-hoo with you / You dont make it easy on me. Mais toi non plus Jenny, tu ne rends pas les séparations faciles. Les lumières se rallument et tu n'as pas joué "Pretty Bird". En plus, tu as ramené les même t-shirts qu'il y a deux ans. Tu crois vraiment que je vais laisser passer ça ? Jenny Lewis, tu me connais trop bien. Mais n'en abuse pas quand même, sinon, la prochaine fois, je débarque moi aussi en salopette.

Photo : Michael Alan Goldberg

Comments

[M.Pat]

Comment ça pas un commentaire sur les apparitions de mon ami Benji ?
Faut dire que tu as loupé sa première partie... Si tu l'avais vu sur scène torse nu avec un foulard et raie des fesses apparente tu aurais relativisé le sexy de la salopette de Jenny...

[Chryde]

TU viens de ruiner ma journée. Concert à emporter annulé au dernier moment hier, je l'avais en travers de la gorge, ça grossit maintenant...

[scribebartleby]

Certes, Jennny peut tout permettre, on en restera quand même transi d'admiration mais une salopette quand même....