Hédunisme
On a pu lire un peu tout et n'importe quoi au sujet du nouvel Herman Düne : qu'André n'y participerait pas, qu'il serait remplacé au pied levé par Julien Doré et que l'album serait produit par Steve Albini. Autant de rumeurs infirmées dès la première écoute de Next Year in Berlin. Autant Giant avait été placé sous le signe de l'opulence (cuivres, coeurs féminins), autant son successeur s'inscrit sous celui de l'économie puisque, suite au départ de Néman (parti convoler en justes noces avec Zombie Zombie), il a été entièrement écrit et enregistré par André et David. Tour à tout, ils ont assuré les parties de batterie. L'aîné s'est même fendu de quelques très belles parties de saxophone, son instrument de prédilection, déjà très présent sur ses derniers Cd-R.
Quatorze titres, comme sur Switzerland Heritage. Sept chacun. Dès l'inaugural "All You Can Take", écrit par André, le ton est donné : c'est le retour à l'électricité et aux guitares, celles dont les fans de la première heure déploraient l'absence sur Giant. "No One Hurt Me / It's A Lovely Red Moon / From The Bedroom To The Study / From The Study To The Bedroom". L'entrée est immédiate grâce à ce titre dans la lignée directe de "Red Blue Eyes". David y réplique par le splendide " My Home Is Nowhere Without You", et l'affaire est lancée. Compétition ? Non, comme sur tous les albums d'Herman Düne, on parlera plutôt d'émulation. Retour aux sources ? Pas seulement. Car Next Year in Berlin comporte aussi sa part de surprises : "Birds In The Wind", peut-être leur premier reggae, et le swing éthiopien de "One Revolution of The Moon". Et d'hommages : au Canadien errant sur "When We Were Still Friends" et au Dylan des Basements Tapes sur "(Nothing Left But) Poison In The Rain".
Les spéculations courent sur le line-up qui se produira dès le mois prochain. Seront-ils deux, trois, quatre ? Par esprit de contradiction, ne joueront-ils que des titres qu'ils ont écrit depuis l'enregistrement ? André se risquera t-il à chanter clope au bec dans des salles où la fumée est désormais proscrite ? La rumeur court que Mark Ibold, fan historique du groupe, l'aurait contacté pour tenir la basse lors de la tournée. Et que Natalie Portman aurait plaqué Devendra Bernhart pour tomber dans les bras de David. A l'heure du huitième album, la carrière d'Herman Düne ressemble toujours à une aventure avec sa part d'inattendu. Et mon envie de la partager ne s'est jamais tarie : les voir, les écouter fait toujours partie de ces plaisirs quotidiens sans lesquels ma vie serait moins belle. Et ce blog bien morne. L'année prochaine, à Berlin ou ailleurs, ils peuvent compter sur moi : je serai toujours au rendez-vous. Et à l'heure, avec ça.