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10 juillet 2008

Le festin barbu

Évidemment, c’était l’outsider de la soirée. Leurs cinq albums ne font pas le poids face à Loveless, et peu sont ceux qui, parmi la foule qui se dirige vers le Zénith, bifurquent vers le Trabendo. Il faut dire que c’était ambitieux : remplir une salle de 800 places avec un groupe qui a rarement joué en France, si ce n’est là où on n'a pas forcément envie de le voir (en première partie de Pearl Jam à Bercy par exemple). Pourtant, depuis la sortie de l’orgiaque Okonokos, c’est devenu une évidence : le prochain passage de My Morning Jacket sera incontournable.

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Le début du concert est malheureusement assez froid. La petite troupe de barbus menée par Jim James enchaîne les titres tirés de son récent album de manière un peu mécanique, glissant juste un « Off The Record » au milieu. Sur le bord de la scène, un roadie prépare les guitares qu’il glisse entre les mains du chanteur entre chaque morceau. Il en fait défiler une collection impressionnante, dont une Flying V qui ne laisse jamais indifférent. Puis le ton monte. Après que les morceaux les plus pop de Evil Urges soient passés (dont le merveilleux « Two Halves Walking » qu’on croirait piqué aux Rasperries), My Morning Jacket ne lâche plus l’affaire. Le clou du spectacle demeure l’incroyable « Touch Me I’m Going to Scream Pt.2 », la pièce maîtresse de leur dernier album, qui résume à elle-même l’incroyable ambition de ce groupe qui se rêve parfois plus gros que ELO. Et le pire, c’est qu’ils y parviennent. Le morceau est restitué dans toutes ses subtilités et dans toute sa folie, avec ce crescendo incroyable et ses vocaux délirants. Il faut une large part d’inconscience pour assumer un truc aussi prétentieux mais Jim James, une cape posée sur les épaules, en a la carrure.

Ils se barrent de scène au bout d’une heure, et ça sent le concert plié en deux rappels. Mais c’est mal les connaître. Deux morceaux joués en solo, une serviette éponge sur la tête et tout le groupe rapplique et c’est reparti. Après avoir pratiquement joué l'intégralité de Evil Urges, sont-ils partis pour faire la même chose avec Z, leur précédent fait d'arme ? Et vont-ils monter jusqu'au sommet, les 10 minutes de "Dondante", leur "Cortez The Killer" à eux ? Oui, ils font "Dondante". Et "Gideon" dans la foulée. Pour ceux qui n'ont jamais eu la chance de les voir et qui fantasment comme moi sur des enregistrements glanés sur le net, c'est la récompense tant attendue, le festin barbu. A côté de moi, un spectateur se contorsionne dans tous les sens : dans son t-shirt Band of Horses, il rejoue toutes les parties de Jim James à l'air-guitar. Il n'y a que le ridicule qui me retient de me joindre à lui.

Il y avait beaucoup de raisons pour lesquelles j'appréhendais ce concert : parce qu'ils ne seraient jamais aussi bons qu'à l'époque de Z, parce que j'avais peur de la digression guitaristique, de la bataille de cheveux,  et parce que le rock, dans l'absolu, c'est de moins en moins mon truc. Les américains ont balayé tous mes a-prioris et je les ai retrouvés tout froissés dans le caniveau en sortant. Y'avait aussi des flyers avec, dont un qui annonçait le retour de Built To Spill en novembre à la Maroquinerie. J'espère que Doug commence a répéter : pour le concert de l'année, y'a déjà de très sérieux concurrents.

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Commentaires
T
Ayant également assisté à ce festin poilu,<br /> Il me semble que c'en est un bon compte rendu...
M
Et bien ça c'est du rapide ! Bravo M.Dumez, nous avons bien vu le même concert...
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