Par procuration
J'aimerai bien avoir un grand-père comme Willie Nelson, un ancêtre qui connaitrait par coeur les chansons de Ray Charles, Hank Williams ou Kris Kristofferson et les jouerait sur une vieille guitare toute pourrie retenue par une écharpe tricolore, se souviendrait du tube qu'il a écrit il y a très longtemps pour Patsy Cline, continuerait à fumer de la marijane en cachette et ressemblerait vraiment à un indien de profil. Un aieul un peu casanier qui aurait participé à un des clips les plus diffusés de tous les temps mais ne sortirait de son bus de tournée que 5 minutes avant de monter sur scène, jetterait ses bandanas à la foule comme Madonna balançait sa culotte, aurait encore la force d'écrire des nouvelles chansons pleines d'auto-dérision où il raconterait que ses blagues ne font plus rire comme avant et n'aurait pas peur d'être accompagné par un batteur qui ressemble à Danyel Gérard (et une pianiste tour droit sortie d'un Lucky Luke). Une figure respectée, au visage marqué, dont plus personne ne se souviendrait vraiment de l'âge, qui assumerait le fait d'avoir sorti des albums pour payer ses impôts jusqu'à l'écrire dessus, aurait foutu un sacré pain à Burt Reynolds, contesterait publiquement la version officielle du 11 septembre, ne se ferait pas prier pour offrir au public les chansons qu'il a envie d'entendre et aurait déjà gagné sa part d'immortalité. Hier soir, Willie Nelson a joué ce rôle là pour moi. J'aurai bien aimé le serrer dans mes bras à la fin pour le remercier d'avoir traversé l'Atlantique et passé la soirée avec nous. J'aimerai bien avoir un grand-père comme Willie Nelson pour que ses chansons (dont un "Always On My Mind" d'anthologie) ne me quittent jamais.