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16 avril 2008

Les secondes premières fois (2)

J'ai dû écouter le vinyle une ou deux fois : ça m'avait l'air intéressant, mais je suis vite passé à autre chose. Il faut dire qu'il faisait partie d'un lot que j'avais acheté pour un prix défiant toute concurrence, et que j'avais un peu tout survolé sans vraiment m'attarder. Je l'ai joué en blind-test une fois et offert à JP ensuite, parce qu'il m'avait fait remarquer que c'était ce qu'il avait entendu de mieux cet après-midi là et qu'il n'arrivait pas à le trouver en CD. Le morceau en question s'appelait "Motel Blues", c'était le deuxième de la face A, et évidemment personne n'avait deviné qu'il s'agissait de Loudon Wainwright III puisqu'aucun de nous ne lui avait jamais prêté attention. Pas réhabilité, encore vivant, il n'y avait dans l'absolu aucune raison valable pour que je m'intéresse à lui.

loundon_2

Pourtant, six mois après m'être débarrassé du disque, j'ai eu envie de l'entendre à nouveau. Ce timbre chevrotant ne m'avait pas quitté : dans ses moments les plus fébriles, il rappelle irrésistiblement celui de Daniel Johnston, ou, quand il se fait plus plaintif, celui de Mark Mulcahy. L'album II de Loudon Wainwright III est plus qu'une curiosité : c'est pratiquement un manifeste anti-folk avant l'heure. Les mélodies ne sont pas évidentes, le chant souvent limite. Les chansons sont aussi dépouillées que chez Jeffrey Lewis : elles tiennent sur le fil du rasoir. L'auteur les fait parfois se chevaucher, comme quand il parvient à en caser trois en trois minutes ("1. I Know I'm Unhappy, 2. Suicide Song, 3. Glenville Reel"). J'ai souvent l'impression, en écoutant II, qu'il s'agit d'une cassette éditée par Shrimper au tout début des années 90 : impossible par contre de deviner qu'il est paru en 1972 sur Atlantic.

L'année de Harvest, de Tago Mago et de Transformer, Loudon Wainwright III publie un album anachronique, austère et habité, chanté le coeur au bord des lèvres. Sur la pochette, il croise les bras et fronce les sourcils. Il ignore totalement que, plus de 30 ans plus tard, un garçon qui pourraît être son fils va l'acheter aux puces de Clignancourt sans trop savoir ce que c'est, l'offrir et rester sur cette impression qu'il a eu lors de la première écoute :  celle d'être passé à côté d'un truc. Hier, je serai allé acheter d'autres disques de Loudon Wainwright III, que j'aurai aussi bâclés avant de les ranger par ordre alphabétique. Aujourd'hui, j'ai décidé de me concentrer sur celui-là, d'apprendre à le connaître et à l'aimer. Les disques de 1972 se portent bien, merci, puisqu'il reste des garçons plus vieux qu'eux pour les apprivoiser. 

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Commentaires
J
oui on voit que tu n'en utilises pas souvent ;)
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