Le bouquet de Jonquil
Ils avaient commencé tout doucement : eux debouts derrière Hugo, assis au premier rang derrière son clavier, boudiné dans sa chemise à carreaux. Ca aurait pu être un morceau de Grandaddy : un Grandaddy né du côté d'Oxford et qui serait l'objet d'un bouche-à-oreille sur le net depuis l'an dernier. C'était un peu trop simple. Et surtout réducteur. Il faut avoir entendu le leader rugir dès le second morceau, tout en s'accompagnant à l'accordéon, pour se défaire de certitudes un peu trop vite acquises. Sauf cette dernière : Jonquil vaut le déplacement. Malheureusement, et même si c'est gratuit et que c'est vendredi soir, nous sommes peu nombreux à l'avoir fait. Très peu nombreux.
C'est le dernier concert d'une tournée européenne de 20 dates, et la fatigue autant que l'émotion sont palpables. Leur version de "Lions", le morceau par lequel je les ai découverts, est encore plus intense que sur disque : comme si Arcade Fire reprenait Yann Tiersen. Impression balayée par le titre suivant qui, accompagné à la flûte et au melodica, évoquerait plutôt l'univers psychédélique des Gorky's Zygotic Mynci. Mais qu'est-ce que c'est que ce groupe ? C'est Jonquil, six anglais qui, avant de reprendre le Ferry, ont décidé d'en profiter jusqu'à la dernière minute. Et de nous en faire profiter : leur concert est généreux, chaleureux, entraînant. Ceux qui les découvrent ce soir se prennent une aussi grosse claque que ceux qui les attendaient au détour. Ils auraient vraiment mérité qu'il y ait beaucoup de plus de monde, et que chacun reparte zigzaguant sur son velib' avec un exemplaire de leur album ou un t-shirt pour se souvenir de ce jour d'avril où ils ont découvert un groupe encore plus gros que la rumeur qui le précède. Il n'est jamais trop tard pour les découvrir : mais pour la première communion, c'est raté.