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6 février 2008

De quoi je me maile

You_veGotMailLe médecin du travail a eu beau m'observer sous toutes les coutures, il ne m'a rien trouvé d'anormal. Pourtant, j'ai attrapé une maladie contagieuse et elle est en train de m'isoler. Toute la journée, j'envoie des mails. Des collectifs et des individuels, des privés et des professionnels. Des tonnes de mail. Entre 100 et 150 par jour. La plupart gagneraient être remplacés par un coup de fil : ils me permettraient certainement d'avancer plus vite dans mon travail, d'instaurer un rapport personnalisé et chaleureux avec mes interlocuteurs. Mais la paresse autant que la facilité me conduisent trop souvent à préférer le clavier au combiné : je suis au bord de la mailite. 

Pourtant, je ne suis pas un enfant du mail. Quand j'ai commencé à travailler, je n'avais pas d'ordinateur et mes seules armes étaient un téléphone et un carnet d'adresses. Puis j'ai succombé, comme tout le monde. J'ai pris le pli, jusque dans ses coutures plus ridicules : j'envoie des mails à des gens qui travaillent à quelques mètres de moi plutôt que de me lever pour aller les voir. J'entretiens des rapports électroniques avec des collègues qui travaillent au même étage et dont je ne connais même pas le visage. Je ne sais pas si eux connaissent le mien. Nous nous croisons sans nous saluer alors que nous travaillons ensemble. Évidemment, la mailite a des effets secondaires qui vont bien au-delà du secteur professionnel. Souvent je suis mal à l'aise quand je croise un visage familier dans la rue. Je change de trottoir ou je baisse la tête. Je fais tout pour éviter un contact direct, je me replie sur moi-même comme si j'étais derrière mon ordinateur. Je n'en suis pas fier mais voilà : je vis en mailocratie, et quand j'ai quelque chose à dire, j'envoie un message. Quand j'ai envie que ça se sache, je mets d'autres interlocuteurs en copie. Si personne ne me répond, j'expédie une relance quelques jours plus tard. En mettant encore plus de gens en copie.

Il n'y a pas à dire, l'ordinateur m'a bien baisé. Il a pris la place de ma chaîne hi-fi, de mon lecteur DVD et de mon téléphone. J'ai perdu deux dixièmes à l'oeil gauche à force d'être scotché à son écran (je vous rassure : il me reste encore dix dixièmes). Et la parole. Désormais je le considère avec une certaine distance, essayant d'anticiper son prochain coup de pute. Il ne serait pas en train de me piquer ma femme, des fois ?

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Commentaires
B
je ne me rappelle même plus de la vie avant le mail.
S
Philippe,<br /> <br /> Moi aussi, j'ai commencé par l'album des 20 ans de Liberation pour finir par envoyer des mails à tire larigot, jusqu'à des gens que je voie régulièrement. Peut-être nous croiserons nous donc un jour en résidence pour personnes âgées ?
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