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31 janvier 2008

Un peu après la lecture

20479782800140681_gCurieux comme deux mauvaises chroniques peuvent, plus qu'un grand prix d'Angoulême, me donner envie d'acheter un livre. Surtout quand les deux mauvaises chroniques en question sont publiées par deux magazines auxquels je n'accorde aucun crédit. Depuis plusieurs jours, je l'attendais. J'ai fini par le trouver lundi chez mon crémier favori et j'ai même investi dans l'édition limitée, celle avec les bonus-tracks. Je l'ai certainement lu trop vite, avec l'impatience de ceux qui ne savent pas profiter, mais je l'ai aimé. Pourtant ce n'était pas gagné. Je n'étais pas rentré dans leurs derniers ouvrages, parce que j'étais déçu de ne plus m'y reconnaître. Et c'est peut-être parce que je n'ai cherché à aucun moment à m'identifier à un des personnages que j'ai aimé le nouveau Dupuy-Berberian, "Un peu avant la fortune", avec son trait charbonneux, ses couleurs estompées et ses  inquiétantes scènes oniriques. Bon, évidemment les suppléments ne justifient absolument pas les trois euros supplémentaires  (des croquis qui auraient plus trouvé leur place dans un livre comme le Alain Beaulet sorti l'an dernier), mais je suis très content de m'être fait avoir.

Il y a peu d'auteurs qui ont été aussi importants dans ma vie de lecteur de bandes dessinées que Dupuy-Berberian. J'ai eu la chance de les découvrir à l'époque où j'étais encore lecteur de Fluide Glacial : ils y faisaient leurs premiers pas, d'abord avec "Graines de voyou", ensuite avec "Le journal d'Henriette" (j'adore considérer que c'est elle qui est derrière le personnage de Marguerite, dans leur dernier ouvrage). D'histoire en histoire, leur style aussi bien graphique que narratif n'a cessé de se remettre en question, sans d'ailleurs se cantonner au quotidien ; en parallèle, ils explorent d'autres pistes, qu'il s'agisse du western comme du carnet de croquis, témoins d'une passion intacte. C'est la conclusion du "Journal d'un album', peut-être un des dix albums favoris de tous les temps, où le duo se met en scène pour raconter deux histoires qui n'en font qu'une : celle de leur vie, intimement liée à leur oeuvre.

C'est peu de dire que j'ai grandi en même temps que Dupuy-Berberian. Si chaque nouveau livre venait répondre à de nouvelles interrogations personnelles, il les anticipait même parfois. Dupuy-Berberian aident-ils aussi à grandir ? Certainement. Comme tous les couples qui durent, les auteurs ne le considèrent pas comme un obstacle. Chacun a donné cours à ses envies en solo : un livre introspectif ("Hanté") et un reportage aux Etats-Unis pour Dupuy, une des plus belles déclarations d'amour au rock depuis "Sur le rock" de François Gorin pour Berberian ("Playlist"). Avant se de retrouver, pour le plaisir, dans un exercice auquel ils ne s'étaient pas encore consacrés : illustrer un scénario écrit sur mesure. Certains prétendent que "Un peu avant la fortune"' est "agréable à lire, sans plus". Il faut être bien blasé pour ne plus savoir apprécier le talent de ceux qui, de fil en aiguille, s'affirment indubitablement comme les plus fidèles héritiers de Truffaut.

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Commentaires
M
Curieux comme la politique des auteurs est aussi vivace dans la BD que dans le ciné... C'est d'après moi le seul point commun entre Truffaut et Dupuy et Berberian. Mais peut-être est-ce une question de nostalgie : je n'ai pas grandi avec D&B et j'avoue que si je reconnaît des amis quadra en Monsieur Jean, je trouve leurs attaques anti-bobos trop systématiques et rarement drôles.<br /> Quant à ce nouvel album, je le trouve paresseux côté dessin et faiblard côté scénar.
T
Très bel hommage…<br /> Je pense que, « sans en avoir l’air », on est toute une génération à avoir grandi avec eux…<br /> Pour moi chaque album (ou presque) a été une claque (ne serait-ce que graphiquement parlant : élégance, évidence, simplicité). Mais une claque qui fait du bien.
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