Eloge flatteur d'un bloggeur sur le tard
Tenir un blog m'apprend des choses sur moi-même et me fait parfois tenir des propos qui me font frémir. Comme les suivants : il y a des jours où je regrette de ne pas lire plus souvent Le Figaro et de ne pas écouter plus souvent Le Fou du roi sur France-Inter. Pourquoi ? Parce qu'un des meilleurs critiques musicaux français y collabore. Un homme qui peut vous entretenir de Nick Cave et de Pierre Perret avec le même recul, la même connaissance approfondie du sujet, et la même passion. Comme il a aussi bonne mémoire (et la mer, il me pardonnera ce bon mot), il trouve aussi dans un texte du dernier Lavilliers des réminiscences d'un poète français décédé. La réputation du personnage est telle que Lavilliers l'appelle dans la journée pour éclaircir l'histoire... avant qu'un second "emprunt" soit décelé. Alors que la plupart de ses collègues se seraient contentés de reprendre l'information, lui enquête, appelle la Sacem pour démeler le vrai du faux, conclut "l'affaire" par un sous-entendu sans appel.
Heureusement, pour les mécréants comme moi qui ne lisent pas et n'écoutent pas la radio (ou alors qui n'en retiennent rien, ce qui revient un peu au même), Bertrand Dicale a ouvert un blog où il partage tout ce qu'il n'a pas eu l'occasion de publier ailleurs ("Des rencontres, des questions, des agacements, des secrets, des enthousiasmes que jusqu’à présent je gardais pour moi.. '"). D'une manière ironique, il l'a baptisé "Pas plus haut que le bord", en référence aux contraintes imposées aux journalistes de presse écrite. Et nous propose de partager les moments forts de son quotidien : il est aussi bien susceptible d'être ému une grande brindille qui publie son premier album que de signer un très vibrant hommage à Carlos, de livrer ses impressions à chaud sur le nouvel album de Camille que de traiter Radiohead sans les égards que la plupart de ses confrères ont réservé au jambon d'Yorke. Je le lis tous les jours et j'ai l'impression de me coucher moins bête. Même si ça me laisse quand même morose : pourquoi y a t-il si peu de plumes aussi perspicaces ?