Mes désastreuses aventures à moi
J'étais guéri des jeux vidéos jusqu'à ce que le Père Gamecube apporte une console à la maison, et "Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire" en prime. Celui-là, les enfants ne peuvent pas y jouer tout seul : il y a beaucoup de choses à lire, un peu à chercher et c'est devenu une tradition du week-end. On passe la fin d'après-midi à franchir des niveaux, du conte Olaf jusqu'à l'oncle Monty, et ça nous passionne, les zouzous et moi. Assez souvent, ce sont eux qui trouvent les indices à ma place : moi, je me charge plutôt des scènes d'action où il faut sauter par-dessus des tonneaux, exterminer des araignées ou comprendre comment fonctionnent les héli-chaussures (bouton A+A ? Comment ça, bouton A+A ?).
Pour être honnête, j'y ai un peu pris goût. Quand on reste bloqués, je triche et je regarde la solution sur internet. Ca a marché jusqu'à l'épreuve dite du "lance-pastilles". Celle-là, c'est un bête shoot'em up des familles : dégommer les pirates qui se présentent tout en évitant leurs tirs. Sauf qu'il n'arrête pas de s'en présenter, et qu'à chaque échec, il faut reprendre le tableau au tout début. Ca doit bien faire deux week-ends que je suis dessus, et ça me met les nerfs en pelote. Plus je m'y reprends, plus je joue mal, plus je perds et plus ça m'énerve. Je dis des gros mots, j'accuse la console de tricher, j'ai les mains qui tremblent. J'ai un peu honte que les zouzous me voient dans un état pareil, tout ça pour un jeu à la con. Je serai le premier à leur faire la leçon s'ils se comportaient de la sorte. Mais je suis accro. Je me prends ma branlée, jurant à chaque fois que la prochaine, c'est la bonne. Ou que c'est la dernière, et qu'après on arrête. Avant la suivante.
Histoire de calmer le jeu, on est passé à Super Mario Sunshine cet après-midi. Je n'ai même pas réussi à passer le niveau 1. Non seulement je maitrîse très mal les commandes (j'arrose les villageois et je me fais latter par les poulpes), mais je ne comprends même pas ce qu'il faut faire. Je suis resté une demi-heure à courir après le ravisseur de la princesse Peach sans arriver à le rattraper. Dans un ultime sursaut de conscience, j'ai fini par arrêter le jeu avant qu'il fasse de moi une loque humaine. Il m'a bien fallu un quart d'heure pour redescendre. Il ne faut plus que je joue à ça. Pas avant d'avoir réussi l'épreuve du lance-pastilles.