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26 septembre 2007

La solitude du sonneur de fond

sonnetteEn changeant de blouson avant de sortir, j'étais loin de me douter des conséquences de cet acte non prémédité. J'avais laissé mon pass navigo et mes tickets restaurants pour prendre uniquement mon portefeuille et j'avais tiré la porte derrière moi. Ce n'est que quelques heures plus tard, en rentrant du concert, que je commence à les chercher partout : mes clés. J'ai beau retourner toutes mes poches, je dois bien me rendre à l'évidence : je les ai oubliées. Sur la table du salon. Ou non. Certainement dans la poche du blouson que j'ai laissé dans la penderie. C'est trop con. Pourtant ça ne m'arrive jamais.

Il me manque non seulement ma clé mais aussi le pass qui permet de franchir le sas d'entrée. Je médite sur mon infortune devant les boîtes aux lettres. Il n'est pas encore très tard, mais toute la maisonnée est déjà couchée. Je vais essayer de réveiller le moins de monde possible en appuyant juste un coup sec sur l'interphone. Mais le premier tir de semonce reste sans effet. Une minute plus tard, j'en effectue un second, plus insistant. Mais toujours sans réponse. Il va vraiment falloir que je laisse mon doigt sur le bouton bien longtemps histoire de réveiller la moitié de l'immeuble. Oui, c'est le mec du premier, celui avec la barbe et les deux gosses qui mettent leurs doigts sales sur les portes vitrées, il a oublié ses clés. Mais je ne vais pas non plus passer la nuit dans l'entrée. Encore que : toujours pas le moindre signe de vie en provenance de l'étage. L'interphone ne fonctionne t-il plus ? Ma famille a t-elle été kidnappée ? La demande de rançon se situe t-elle dans la boîte aux lettres ? Ne suis-je plus le bienvenu chez moi ? Une des mes maîtresses aurait-elle appelé en mon absence ? Et c'est alors que j'en suis réduit à pleurer sur mon propre sort que quelqu'un finit par rentrer. Il ne me reconnaît manifestement pas même s'il me voit tous les ans à la réunion des copropriétaires, mais il accepte quand même de m'ouvrir. Il ne manquerait plus que ça : mis tricard par un voisin.

Je commence par frapper à la porte plutôt que d'utiliser la sonnette. Puis, faute de résultat, je répète la même méthode progressive que tout à l'heure : un petit coup d'abord, puis un long. Qu'est-ce que je vais faire si personne ne vient m'ouvrir ? Dormir sur le paillasson ? Tenter d'enfoncer la porte et me démettre l'épaule ? Téléphoner d'en bas ? Passer la nuit à l'hôtel ? C'est la solution la plus raisonnable techniquement parlant. Mais si Moutarde se retourne dans la nuit et se rend compte que je ne suis toujours pas rentré, que va t-elle aller imaginer ? Que je suis infidèle ? En cavale ? Hospitalisé ? Décédé ?

Cette fois-ci, j'ai l'impression d'entendre un bruit dans l'appartement. Et une voix, derrière la porte : "C'est toi ?". Je n'ai pas la moindre blague à l'esprit. Oui, c'est moi, ça fait un quart d'heure que j'attends que tu viennes m'ouvrir et que je flippe ma mère. Elle retourne se recoucher avant que j'ai eu le temps de lui fournir une explication. De toute façon, je n'aurai pas eu le temps. Les clés, ça va encore. Mais j'avais surtout trop envie de pisser.

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