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15 septembre 2007

La passion du Chris

chrisgarneauriver1_adjLes critiques, aussi pertinentes soient-elles, nous disent tout sauf l’essentiel : combien de temps les disques vont-ils nous accompagner ? Vont-ils finir prématurément sur les étagères au bout de quelques jours ou vont-ils au contraire s’immiscer dans notre quotidien de manière aussi imprévisible que tenace ? Il n’y a aucune règle en la matière. Rien n’est gagné d’avance. J’aurai très bien pu me lasser rapidement de Chris Garneau, de son registre plaintif et de ses manières empruntées. Pourtant je n’ai jamais arrêté d’écouter « Music for Tourists » et d’y découvrir de nouvelles nuances. J’ai vraiment cru que son ascension, précipitée par une chronique élogieuse dans Télérama, allait être aussi fulgurante que celle d’Antony & The Johnsons. Malheureusement, neuf mois après sa parution, son tout premier album n’a toujours pas trouvé de distributeur français. Ce qui ne le décourage pas de revenir à Paris pour deux soirs en vedette américaine de Don Nino.

Sur scène, Chris a pris plus d’assurance que lors de son concert improvisé au bar de la Maroquinerie en février dernier. Sa dégaine est inimitable : t-shirt sans manches orné d'un revolver, chaînette apparente sur la poitrine, bottines en cuir remontées par-dessus le jean slim. Un drôle d’oiseau, le Garneau. Mais sa voix me bouleverse toujours autant. Moins d’une centaine de personnes l’écoutent religieusement. Il fait l’effort de parler français (assez bien), abat ses grosses cartes d’entrées (Castle Time, Relief, Not Nice…), glisse sa reprise d’Elliott Smith au milieu, nous gratifie de quelques nouveaux morceaux (dont The Island, déjà entendu par ici) et tire sa révérence au bout d’une demi-heure. Il est rappelé, et je demande s’il peut jouer Baby’s Romance (je n’ai pas l’habitude de réclamer, je trouve même ça très mal poli, mais j’ai vraiment trop envie de l’entendre, j‘ai les larmes aux yeux à chaque fois). Il l’a déjà faite hier soir, alors il préfère terminer sur une nouveauté, inspirée par une panne d’électricité à New York. Il remercie et disparaît. Pas longtemps : quelques minutes plus tard, il est redescendu parmi le public, les mains dans les poches.

Il ne se fait pas prier pour aller prendre un verre, ni pour bavarder, que ce soit au sujet des disques sur lesquels il a craqué récemment (Panda Bear, Sleeping States...), d’un concert de Iron & Wine qui l'a déçu ou de Joan As Policewoman avec laquelle il a partagé la scène du Bowery Ballroom le mois dernier. Un label français a fini par le contacter pour peut-être sortir son disque. Je voudrais que la prochaine fois qu’il revienne, il y ait plein de gens à son concert et qu’ils chantent tous les paroles de « Baby’s Romance » : « I Know/I Know/I Know/I Never Gonna Tell on You ». Je crois en Chris comme je crois en Jens (Lekman) : il n’y pas de raison pour qu’ils ne bénéficient pas d’une reconnaissance comparable à celle dont jouit Sufjan Stevens aujourd’hui. Du moins théoriquement : là non plus, il n'y a pas de règle en la matière. Même pas celle du mérite.

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