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12 septembre 2007

St Thomas au ciel

bandJ'aurai dû publier la suite de mon exercice de style en forme de clin d'oeil à Mendelson, le compte-rendu du concert de Yo La Tengo ou de celui de Chris Garneau; mais j'ai appris ce matin la disparition de Thomas Hansen alias St Thomas à l'âge de 31 ans. Plutôt que de me livrer à un hommage sincère et larmoyant, j'ai décidé de republier ce texte que je lui avais consacré il y a quelques années.

Même si The Kills bourrent le même soir que lui une Cigale au parfum de consécration, Thomas Hansen a décidé de montrer de quel bois (de Norvège) il est fait. Ce sont les manches retroussées qu'il pénètre sur la scène du Nouveau Casino, juste épaulé par un batteur. Blondeur des blés, favoris en pagaille, cravate du dimanche. Premier morceau au banjo, tout en douceur, puis il branche sa guitare électrique et dispute à Songs : Ohia le titre convoité de filleul du Crazy Horse. Ce soir, St Thomas a décidé de faire des miracles. Comme la fois précédente, il y a deux ans, quand il avait ouvert pour Lambchop au Cabaret Sauvage, il est aussi intense qu'irrésistiblement comique. Une révélation, pour ceux qui ne l'ont jamais vu : St Thomas est un véritable showman. Vous saurez tout de son séjour parisien : ses démêlés pour trouver un restaurant qui accepte de le servir à 19h00, les problèmes d'isolation sonore de son hôtel, les effets secondaires de l'absorption d'alcool sur son set (il a juré fidélité à sa bouteille d'eau), les frasques vestimentaires de son attaché de presse, l'album dédicacé par Badly Drawn Boy qu'il n'a jamais rendu à Erlende Oye... Tout. Il parle anglais avec un fort accent, parfois le public doit le faire répéter, mais son envie de communiquer est plus forte que tout. Passé quelques morceaux, il lance un minidisc sur lequel il se met à danser une gigue tout en chantant. Il se dandine d'un bout à l'autre de la scène avec entrain, sans que jamais le ridicule ne l'emporte sur l'insensé. Ceux qui ne voyaient en lui qu'un émule norvégien de Neil Young en sont tout retournés. Il faut le voir pour le croire, comme il faut voir son dernier clip, Long Long Time, dans lequel, interné en hôpital psychiatrique, il se produit au milieu de ses musiciens déguisés en animaux.

A mi-parcours, il annonce la suite du programme : deux morceaux calmes qu'il interprète à la guitare sèche, puis une suite de cinq supposés hit-singles (dans sa contrée natale). Le public allemand en aurait fredonné les refrains. Il faut dire que les versions de scène sont supérieures aux enregistrements en studio (le plus récent est pourtant signé Mark Nevers, l'homme aux manettes derrière les derniers Bonnie Prince Billy et Lambchop). La complicité du duo est particulièrement relevée par les performances du batteur (également choriste), excellent d'un bout à l'autre du set, et qui donne aux morceaux un mordant qu'ils n'ont pas sur disque. Son jeu rappelle un peu Néman, le beau gosse d'Herman Düne. Parfois une silhouette féminine se glisse sur scène pour les accompagner : il s'agit de la compagne de Thomas, au prénom à consonance nordique, qui vient chanter avec eux. Les trois voix se marient à merveille, notamment sur un titre inédit qui a des allures de mini-tube pour feux de bois.

Avant de quitter la scène, l'énergumène lance une deuxième fois le minidisc et reprend ses excentricités. Il a bien mérité son rappel, qu'il débute par une requête du public : Strangers Out of Blue , une de ses plus émouvantes chansons, qu'il joue impeccablement. Puis tente une troisième fois le coup du minidisc, qui s'emballe prématurément. Il lui coupe le sifflet et opte pour le banjo pour clore la soirée. St Thomas aura joué un tout petit peu plus d'une heure et je n'ai pas décroché à un seul moment. Un sacré concert, si vous me passez l'expression.

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