La grande vadrouille (3)
Pendant que les enfants jouent, je crois reconnaître une chanson qui m’est familière. Ce n’est pas la version que je connais, mais le refrain est inoubliable : C’est "Jambalaya". Mais qui écoute Hank Williams ici à plein tubes ? Je décide d’aller élucider le mystère. Surtout que d’autres tubes country lui succèdent. Y aurait-il une soirée cajun qui m’aurait échappé, entre "Les portes du Roussillon se donnent en spectacle" (placette Renouveau) et la soirée cinéma Gad Elmaleh avec "La Doublure" (salle polyvalente) ? Une grande compétition de line dance ? Je déambule dans les ruelles en tendant l’oreille. Mais ma déception est évidemment à la hauteur de mon attente : passé la sortie du village, je tombe directement sur le grand show Monster Truck qui fait patienter ses spectateurs à grandes rasades de pedal steel. Avant d’ entrer dans la vif du spectacle : de la bonne eurodance des familles pour rythmer le défilé des pilotes et la présentation des véhicules. Je rentre un peu dépité. Heureusement que, dans l’épisode de Veronica Mars que je regarde, il y a un titre d’un de mes albums préférés de ces dix dernières années : "Pick Up The Phone" par The Notwist. Pick Up The Phone / And Answer Me At Last / Today I’ll Step Out Of Your Past. Je méritais bien ça pour me consoler.
Surtout que Veronica Mars m'a été survendu par des fans de Buffy. Julie, pas plus tard qu'il y a quelques jours, écrivait dans les commentaires de ce blog : "ta vie ne sera plus jamais la même". C'est vrai que depuis que j'ai fini la saison 1, il y a pour moi un avant et un après. Avant, je faisais confiance aux nostalgiques de Sunnydale (même quand ils me conseillaient de regarder Angel, alors même que j'avais abandonné la série en cours de saison, en me promettant que ça allait s'améliorer après : ils avaient raison - même si la copie n'a jamais égalé l'original). Maintenant, beaucoup moins.
Paradoxalement, c'est aussi un fan de la tueuse qui m'a prêté les deux premières saisons de Arrested Development ("Les nouveaux pauvres", quel titre idiot), la série la plus drôle que j'ai eu l'occasion de regarder depuis Curb Your Enthusiasm ("Larry et son nombril", pas terrible celui-là non plus) : après avoir terminé la première, je me régale en découvrant la seconde, qui atteint le même niveau d'hystérie collective. Arrested Development, c'est la saga de la famille Bluth : le père est en prison pour détournements de fonds, et c'est un des fils - Michael , le seul à avoir la tête sur les épaules- qui doit reprendre les rênes de l'entreprise famiale. Comme dans les meilleurs séries américaines, le casting - composé d'inconnus (mis à part Henry "Fonzy" Winkler, qui tient un second rôle) - est explosif, le rythme intense, l'humour corrosif. Au-delà de la comédie, c'est le mythe de la famille nombreuse américaine (avec une pièce rapportée de choix en la personne du docteur Tobias Funke, joué par l'extraordinaire David Cross) qui est passé au vitriol. La famille Bluth vit dans une maison témoin isolée sur un site de construction désert : eux ne risquent pas d'entendre la chasse d'eaux des voisins ou la ventilation qui se met en route chaque fois que quelqu'un entre dans la salle de bains comme c'est notre cas. Chacun sa peine ! Mais la mienne ne dure que jusqu'à la fin de la semaine. ..