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1 juillet 2007

La solution Garnier

coins_20coupesPendant deux ans, j’ai régulièrement fait les libraires d’occasion à la recherche d’un livre dédié aux disques déclassés. J’aurai très bien pu l’acheter neuf, mais ça me semblait plus cohérent de le trouver en seconde main. Et j’ai mis la main dessus un jour que j’avais besoin d’être consolé : je venais de me rendre compte que le nom de mon recueil de nouvelles avait déjà été utilisé. Je n’avais pas encore envoyé mes manuscrits que le bouquin était déjà là, devant moi, avec le même titre sur le tranche. Et plus, il avait l’air beaucoup moins intéressant que le mien. Forcément, tiens.

Le même jour, je me suis donc offert Les Coins coupés de Philippe Garnier, et il m’a pris dans ses bras dès les premières pages : son ouvrage est dédié à tous les Philippe. J’ai pourtant mis un moment avant de rentrer dedans. En hommage aux auteurs américains qu’il a brillamment traduits (Bukowski, Fante...), l’auteur a choisi de s’inventer un double fictif pour mieux parler de lui. Son Arturo Bandini s’appelle Stretch et il extermine les termites dans les villas bourgeoises de Los Angeles. Il s’agit d’une reconversion radicale : avant de traverser d’abord l’Atlantique et ensuite les Etats-Unis, il était disquaire au Havre. Régulièrement, il émaille son récit de chroniques consacrées à Nick Knox, Rocky Erickson, JJ Cale (un de ses sujets de prédilection)… quand ce ne sont pas des digressions sur Pere Ubu, The Feelies, Chrissie Hyne ou Wolfman Jack. Philippe Garnier lève le voile sur son entreprise à la fin de l'ouvrage : il veut se débarrasser du rock, refermer la boîte de Pandore (démarche similaire à Nik Cohn avec son A Wop Bop A Loo Bop A Lop Bam Boom). Mais la vraie question derrière tout ça - la seule et unique question qui m’obsède à titre personnel -, c’est surtout : comment vieillir avec le rock ? En conservateur éclairé ? En amateur désabusé ?

L’auteur a choisi de se faire rare, mais je guette chacune de ses réapparitions : je relis encore régulièrement la pleine page qu’il avait consacré à Low dans Libération en 1988 et qui reste pour moi un modèle d’humilité face au diktat de la nouveauté (« Sans trop y croire, vous allez chez Tower Records au rayon G, et faites la découverte choquante que Galaxie 500, dont vous n’aviez jamais entendu parler, a son intégrale en coffret »). J’aime le journaliste comme j’aime l’auteur : parce qu’il parle de passion. Comme elle naît, comment elle grandit et comment elle s'éteint. Avant de renaître. "Rien ne meurt en nous de ce que nous avons aimé" : c'est la phrase sur laquelle un de ses collègues, François Gorin, ouvrait son séminal Sur le rock.

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Commentaires
S
ce livre est un de mes favoris parmi tous ceux écrits sur la musique, allez une liste dans le le désordre : <br /> pascal comelade, écrits monophoniques submergés - ma collec des PJMEA - milan dargent, Soupe à la tête de bouc - francis marmande, la housse partie...
T
Au cas ou tu serais passé à côté (ce su ne maprait peu probable), il y avait un inédit de Bukowski (traduit par Philippe Garnier) sur les Stones en tournée dans une Rockéfolk récent. Le genre d'article que l'on trouve forcément trop court si on est fan (des 3)...
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