Pitché avoué est à moitié pardonné
C'est au plus profond de la nuit que j'ai découvert, médusé, la dernière tendance qui fait fureur chez les disc-jockeys. S'il arrive que, pour améliorer la dynamique d'un tube (voire lui en donner tout court), certaines radios accélèrent légèrement son tempo à l'antenne, le nombre de réussites de cette méthode - connue sous le nom de pitching - se compte sur les doigts de la main d'un grenadier ayant oublié de lâcher son engin à temps : mis à part le ravalement offert par Fat Boy Slim au "Brimful of Asha" de Cornershop, je n'ai pas d'autres exemples qui me viennent spontanément en tête. Ce qui n'est absolument pas à même de décourager l'un des ambianceurs qui sévit sous le pont Alexandre III. Visiblement content de sa trouvaille, il pitche tout sans scrupule : Madonna, Gang Of Four, Nena, Prince... Un vrai hachoir Seb.
Dans la salle, un habitué m'explique qu'il n'était pas DJ à la base (tiens donc ?), mais qu'il a commencé à passer des disques au Baron, et que maintenant il joue (avec nos nerds ?) dans divers clubs de la capitale. Je suis étonné qu'il ne se soit jamais fait pitché dehors : mais je dois certainement être très hermétique à sa tentative post-moderne de traiter les grands succès de ces 30 dernières années par l'absurde en les mettant tous sur un même pied d'égalité.
Tout en noyant mon désespoir dans un Coca Light à 6 euros, j'imagine le futur. L'industrie du disque se relève enfin : tout ressort pitché. Les plus grands hits des Rolling Stones par DJ Moufle, Les quatres saisons par DJ Bras Cassé, Village People Megapitch 2008... Je finis mon verre et je rentre. J'attrape un taxi sur les Champs -Elysées et je lui demande de se dépitcher, tout en veillant à ce que son compteur ne tourne pas deux fois plus vite.