Une soirée entre gentlemen

Le concert commence par le son d’un cloche : celle que tient à bout de bras une jeune femme aux longs cheveux noirs vêtue d’une robe très près du corps qui dévoile un de ses bras et lui donne des faux airs de dresseuse de lions. Elle fend la foule tout en carillonnant et monte sur scène réveiller ses deux compagnons : ils sont allongés et immobiles, comme frappés d’un profond sommeil. Le set des Victorian English Gentlemens Club va pouvoir commencer. La bassiste, entièrement habillée de noir, a tracé une croix blanche avec de la bande adhésive sur ses vêtements et coincé des baguettes de batterie de long de ses bottes. Et le chanteur ? Il est beaucoup moins excentrique que les filles avec juste un t-shirt sous sa veste. Enfin : apparemment moins.

Si Télérama n’avait pas parlé en termes très élogieux de leur album il y a quelques mois, je pense que je serai totalement passé à côté. Pourtant il ne faut pas plus d’une écoute pour l’adorer. Il célèbre la joie d’être un trio, d’aimer sans complexe les Pixies et les B-52’s, avec la même fraîcheur que l'excellent premier disque de The Chalets paru il y a deux ans et qui est lui aussi passé  inaperçu. Comme eux, les Victorian English Gentlemens Club débarquent d’à peu près nulle part, sans piston, sans avoir été signé grâce à myspace, sans liaison publique avec un top model, mais pourtant avec un paquet de tubes pour les radios rock (Impossible, Amateur Man) si celles-ci voulaient bien se donner la peine de tendre l’oreille. Et tirent leur révérence après une demi-heure de show lors de laquelle ils ont bousculé leur répertoire sans ménagement. J’aurai passé plus de temps à faire l’aller et retour pour les applaudir que de temps dans la salle, mais je ne le regrette absolument pas : ils ont parfaitement résumé les raisons pour lesquelles je sors voir des concerts.